On a passé quelques heures avec Marco, l’homme derrière le mythique Vintage Parc

Marco au magasin Vintage Parc
De son propre aveu, Marco aurait pu «faire la palette» dans la construction. Au lieu de ça, l’homme derrière le magasin Vintage Parc, écolo avant le temps, a passé les 30 dernières années à redonner vie à de vieux meubles usés du Mile-End, et à gratter les fonds de tiroirs.
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Nul besoin d’adresse pour trouver la tanière de Marco. Ancrée depuis 28 ans au coin de l’avenue du Parc et Saint-Joseph, à Montréal, la devanture du magasin Vintage Parc, qui fermera ses portes le 1er septembre prochain, détonne. Disposées par-dessus des rampes jaunes rouillées, des planches de contre-plaqué soutiennent des chaises, de petites tables et des tableaux, faisant office de salon de fortune. La scène est haute d’une dizaine de pieds, obligeant les passants à se tordre le cou pour bien l’observer.
C’est là, parmi les meubles qui jonchent la terrasse qui lui sert aussi d’atelier, que Marco nous donne rendez-vous. L’homme a le regard espiègle et perçant. Un sourire honnête. Assis sur une petite chaise avec l’aisance du vétéran qui ne connait pas le manspreading, il répond aux questions du tac au tac, sans fioriture.
Aujourd’hui, pour lui, le magasin, c’est avant tout «une job», même s’il affirme «ne pas faire d’argent avec ça». S’il a mis autant d’énergie dans cette entreprise depuis des décennies, c’est surtout parce qu’il déteste le gaspillage.
«J’ai toujours été contre la surconsommation. Je trouve ça important de réduire son empreinte écologique et de ne pas encourager les grosses multinationales comme IKEA, Walmart et autres, qui vendent de la cochonnerie qui ne dure pas», explique celui qui dit n’avoir jamais acheté un meuble neuf dans sa vie.
La naissance de Vintage Parc
L’idée de rentabiliser son allergie à la surconsommation en retapant des meubles est venue à Marco au début des années 1990. À l’époque, le Mile-End n’avait rien du quartier branché qu’il est devenu.
«Il y avait beaucoup de roulement dans les appartements du quartier. On pouvait voir des pancartes rouges [À Louer] sur tous les buildings. Il y avait aussi une mode: les gens bounçaient. Ils louaient une place, ils partaient sans payer et laissaient leurs meubles là, pour aller juste quelques blocs plus loin. Il y avait des appartements libres partout. Le roulement faisait en sorte qu’il y avait beaucoup de demandes pour des meubles», se souvient l’artisan.
Celui qui était dans le domaine du déménagement a donc su flairer l'opportunité. Ses meubles de seconde main ont vite plus aux étudiants. C’est d’ailleurs toujours le cas, 30 ans plus tard.
Son magasin, rempli du plancher au plafond, contient des pépites qu’il faut savoir chercher patiemment. Plusieurs objets proviennent de défunts bars et restaurants du quartier, souligne-t-il.
L’aide de Marco est toutefois requise pour pouvoir apercevoir ces antiquités de plus près, tellement les espaces libres sont peu nombreux dans le commerce.
L’exil d’un icone de salon
Au fil de la conversation, qui ne cesse d’être interrompue par les passants qui le saluent, il apparait évident que si autant de gens fréquentent Vintage Parc, c’est avant tout pour Marco.
«C’est vraiment un travaillant. Il est toujours prêt à aider et à jaser», me dit un client de longue date.
«Je suis toujours prêt à aider quelqu’un, c’est ma philosophie», répond le principal intéressé.
«J’aide les voisins quand ils ont besoin d’arranger un tiroir, une tablette, des affaires comme ça. Je le fais pour aider, parce que quand je ferme, crois-tu que ça me tente, moi, de réparer des tiroirs? Mais quand les gens viennent te voir et qu’ils t’encouragent, il faut redonner. C’est de même.»
Ce jour-là, malgré le soleil de mai, de nombreuses personnes passent par le magasin, l’air triste, pour témoigner leur soutien à l’artisan. Pour eux, la mort de Vintage Parc, ce n’est pas que la fermeture d’un magasin apprécié. C’est aussi le deuil annoncé d’un des personnages les plus aimés du quartier.