Stress, vodka et retouches de dernière minute: on a passé un soir dans les coulisses des Grands Ballets Canadiens
Les Grands Ballets Canadiens présentent jusqu’au 10 septembre leur version de Cendrillon à la Salle Wilfrid-Pelletier, à Montréal. Nous avons eu un accès exclusif aux coulisses de la première.
Après la pause repas de 18h, l’activité reprend dans les loges. Maude Sabourin, première danseuse, joue ce soir-là le rôle de la mère et de la fée marraine de Cendrillon.
«Pour une première on est toujours un peu fébrile, excitée, confie l’artiste de 35 ans. Il y a de la nervosité dans l’air. Juste avant d'entrer sur scène, j'ai un peu les papillons.»
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«Il y a quand même un stress. On fait des répétitions, mais il n’y a pas de public», explique Joël Boudreault, chef habilleur à la Salle Wilfrid-Pelleiter depuis 17 ans. Même s’il y a une erreur pendant un spectacle, «the show must go on».
Chacun sa routine
Sur cette version de Cendrillon, chorégraphiée par l’Australienne Jayne Smeulders, chacun a sa routine le temps que les 2900 spectateurs s’installent à leur siège. Les danseurs s'étirent et répètent leurs mouvements dans l'ombre.
«Je me mets toujours un peu près du rideau quand il est fermé et j'écoute la salle qui rentre. Ça me met dans un état d'esprit différent», raconte Maude Sabourin, toujours souriante.
Une fois sur scène, «c'est comme si le temps était suspendu. Il n'y a rien d'autre qui existe que cette réalité-là, que cette magie-là qu'on est en train de créer». Maude Sabourin doit nous quitter. Son costume l’attend.
Prendre soin de ses chaussons
Dans un coin des coulisses, Anya Nesvitaylo, première soliste d’origine Ukrainienne, gratte le dessous de ses chaussons de danse.
«Parfois, le sol est glissant. Ça crée de l’adhérence au sol», dit celle qui joue Anastasie, la méchante demi-sœur Cendrillon aux longs cheveux roux.
Les chaussons, outils indispensables, sont bichonnés par tous. Dans un couloir, une nymphe y pulvérise un peu d’eau pour adoucir le bout de ses pointes. «Elles sont nouvelles», mentionne-t-elle.
Quand le temps est compté
«On a une centaine de costumes, 50 coiffes, une trentaine de perruques, environ 40 danseurs», explique Joël Boudreault, qui doit habiller les artistes avant et pendant le spectacle.
«C'est ce qui représente le plus gros défi. Il peut il y avoir des changements qui sont de 20 secondes, 50 secondes jusqu'à deux minutes. Il faut être prêt à tout».
Pendant le spectacle, il devra rattacher des boutons à la dernière minute, faire un changement de robes ou couper un fil qui dépasse.
Avec les cinq autres habilleurs, ils supervisent également l’entretien des costumes créés par Marie-Chantale Vaillancourt, parfois avec des méthodes inattendues.
De la vodka dans les loges
Dans son atelier, un vaporisateur attire l’attention. «Vodka, entretien costumes 100%» peut-on lire sur l’étiquette.
«La vodka aide énormément à prévenir les odeurs sur les vêtements. Après chaque représentation, on met un peu de vodka sous les aisselles des costumes et dans les pantalons», explique Joël Boudreault.
À 20h, les 43 musiciens de l’orchestre commencent. Au bout de 2h05, les spectateurs se lèvent et applaudissent ce ballet inspiré du conte des frères Grimm, publié en 1634.
Le stress s’évapore en coulisses. «Quand le rideau tombe à la fin, que tout a bien été, on se dit bravo», lance Joël Boudreault.
Pour Maude Sabourin, il est d'ailleurs primordial de ressentir du stress avant de danser. «Quand tu perds ce feeling-là c’est le temps de réfléchir à faire autre chose», insiste-t-elle.