Intérêt sur les prêts étudiants: facile de trouver un emploi au salaire «alléchant», selon la ministre Déry | 24 heures
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Intérêt sur les prêts étudiants: facile de trouver un emploi au salaire «alléchant», selon la ministre Déry

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Pas question pour le gouvernement de reculer sur la hausse des taux d’intérêt des prêts étudiants, fixés à 7,2% après un gel de deux ans. Pour la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, une fois ses études terminées, un jeune diplômé pourra facilement se trouver un emploi au salaire «alléchant» pour rembourser ses dettes.  

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C’est ce qu’elle a affirmé mercredi au Salon bleu, en réponse à une question de la porte-parole libérale en matière d’éducation et d’enseignement supérieur, Marwah Rizqy.  

«Vous savez, avec l'inflation, on a de plus en plus de Québécois qui ont de la misère à payer leur solde de carte de crédit, à faire leurs paiements d'hypothèque, à faire leurs paiements de loyer, mais laissez-moi vous parler des diplômés québécois qui, depuis le 1er avril, sont les seuls diplômés au Canada à payer maintenant des intérêts sur leurs prêts étudiants», a lancé la députée libérale à l’Assemblée nationale.  

Marwah Rizqy

Photo d'archives 

Marwah Rizqy

Se disant «très consciente» et «sensible» face aux impacts de la hausse des taux d’intérêt pour certains diplômés qui se trouvent dans des situations plus difficiles, l’élue caquiste a toutefois indiqué que dans une période plein-emploi avec des salaires «extrêmement compétitifs», la plupart des diplômés pourront rembourser leurs prêts.  

Pascale Déry a aussi rappelé que Québec pouvait accorder un délai de six mois aux nouveaux diplômés qui ont du mal à joindre les deux bouts et à rembourser leur prêt.  

Marwah Rizqy déplore néanmoins que les diplômés québécois soient les seuls à devoir payer de l’intérêt sur leurs prêts étudiants, comme la province gère elle-même son programme d’aide financière aux études. Le fédéral les a, en effet, éliminés dans les autres provinces.

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«Vous avez aussi reçu le témoignage d'Émilie, psychologue en devenir. Elle vous demande pourquoi elle, qui étudie à Université du Québec en Outaouais, va devoir payer des intérêts, mais ses camarades de classe qui vont traverser la rivière pour aller en Ontario, eux, ne paieront pas d'intérêt? Pourquoi ce deux poids, deux mesures?», a demandé la libérale à la ministre caquiste.  

Les conseils d’un fiscaliste 

Même si un taux d’intérêt de 7,2% peut faire peur, il n’y a pas lieu de paniquer, selon le fiscaliste et planificateur financier à la Financière des professionnels Alexandre Hunault. Il rappelle notamment qu’il existe un crédit d’impôt qui peut alléger la hausse des taux.    

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Pour une personne dont la dette s’élève à 20 000$ et qui gagne un salaire annuel avoisinant les 50 000$, les déductions font baisser le coût réel de l’intérêt à 4,86%, ce qui représente presque 1000$ par année.  

«[Le solde] va descendre chaque année [en remboursant], mais c’est sûr que ça fait mal un prêt avec un taux aussi haut, reconnaît-il. En plus, c’est qu’on ne l’a pas vue venir, la hausse, parce qu’on était en congé d’intérêt deux ans.»  

Avec un taux de 7.2%, vaut-il mieux prendre son temps pour rembourser ou le faire au plus vite?    

Ça dépend de nos projets, souligne Alexandre Hunault.  

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Si on compte acheter une propriété ou bien avoir des enfants, il vaut mieux d’accepter de payer un certain montant d’intérêt à long terme pour pouvoir économiser, investir et réaliser nos envies tout en remboursant son prêt.  

«Les taux vont sûrement redescendre, ils parlent même d’une baisse fin 2023, donc c’est peut-être plus momentané [...], mais ça dépend de sa tolérance au risque, parce que les taux pourraient aussi empirer, on n’a pas une boule de cristal.» 

Pascale Déry ajoute que «l'endettement moyen au Québec est le plus faible qu'ailleurs au Canada, soit de 11 000 $».  

Selon les chiffres 2020-2021 de l’Aide financière aux études, pour les étudiants universitaires, l’endettement moyen augmente selon le cycle d’études, passant de 12 536$ au 1er cycle (baccalauréat) à 24 601$ au 3e cycle (doctorat). 

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