J’ai marché la ligne orange du métro du début à la fin et voici comment ça s’est passé

BILLET - Après avoir marché l’entièreté de la ligne verte l’année dernière, je m’étais promis de faire un jour la même chose avec la ligne orange, la plus longue du réseau. C’est maintenant chose faite: voici ce que j’ai vu le long de mon trajet.
Pourquoi faire ça?
Comme bien des gens, je suis une adepte de randonnée. J'aime marcher longtemps et suivre un trajet indiqué sur une carte. Les balades en nature me parlent beaucoup, mais j'aime aussi le concept des «randonnées urbaines». Après tout, avec un peu d'imagination, la carte du métro peut facilement ressembler à une carte de sentiers!
Il y a plein de choses intéressantes à découvrir sur son chemin dans une randonnée urbaine, comme de nouveaux quartiers, des parcs ou encore des commerces sympathiques. En plus, la logistique est très simple. Pas besoin d'avoir une voiture ni de prévoir beaucoup de temps pour se rendre au point de départ de notre randonnée. Aucun droit d'accès à acquitter − que le prix d'un billet de métro si on n'a pas de passe mensuelle. Et des amis peuvent se joindre à nous facilement le temps d'une section!
J'avais d'ailleurs fait la ligne verte en solo, et mes récits ont su convaincre une partie de mon entourage. Pour la ligne orange, mon copain m'a accompagnée tout le long de la marche, et on a aussi eu droit à la compagnie de deux amis sur le chemin.
Qu’est-ce qu’on voit sur le chemin?
Avant même de partir, nous avons séparé la ligne orange en quatre sections pour bien estimer le temps qui serait requis pour la promenade: la branche Ouest, le centre-ville, la branche Est et Laval.
Section 1 – La branche Ouest – Côte-Vertu à Lionel-Groulx – 12,4 km
Nous avons décidé de commencer par la branche Ouest du métro, puisque c’est la section la plus longue et aussi celle que l'on connaissait le moins bien. On savait que ça nous dérangerait moins de chercher notre chemin au début de la marche qu’à la fin!
Dès qu'on a commencé à marcher à partir de la station Côte-Vertu, on a traversé un joli quartier résidentiel qu'on ne connaissait pas. Il est désigné comme étant le «Quartier D» par la société de développement commercial du territoire, et est construit autour du boulevard Décarie, à une hauteur où celle-ci est loin de ressembler à l’autoroute du même nom.
On a aussi passé devant le Cégep Saint-Laurent.
Ensuite, on change rapidement de décor pour se rendre aux stations De la Savane et Namur, en traversant l’autoroute Décarie et en la longeant.
C’est un secteur peu adapté aux piétons. On imagine mal comment le complexe Royalmount et les voitures supplémentaires qu'il attirera viendra s'intégrer dans tout ça... mais on croise le Orange Julep, iconique grosse boule orange où on peut arrêter faire une pause rapide le temps d’un jus.
Les prochaines stations, soit Plamondon, Côte-Sainte-Catherine, Snowdon et Villa-Maria nous permettent de marcher dans de beaux secteurs de Côte-des-Neiges et de Notre-Dame-de-Grâce. Ça fait du bien de voir des gens et des commerces à échelle humaine, après le bruyant bord de route.
Une des rares côtes que l’on descend durant notre itinéraire nous amène ensuite à la station Vendôme, encerclée par le CUSM.
Sur notre chemin, on passe sous un intéressant viaduc ferroviaire fait en pierre, qui se trouve sur le territoire de Westmount. Un panneau d’information nous apprend qu’il s’agit d’une voie ferrée construite à la fin des années 1800 pour enjamber un important ruisseau qui se trouvait là. Maintenant, la voie est bien sûr toute asphaltée. Intéressant!
Encore un peu de marche dans les quartiers Saint-Henri et Petite-Bourgogne, puis ça y est, on est à Lionel-Groulx. Cette première partie était pleine de variété, on a adoré notre expérience!
Section 2 – Le centre-ville – Lionel-Groulx à Berri-UQAM – 5 km
La fois où j’avais marché la ligne verte, j’avais beaucoup aimé la portion du centre-ville, dynamique et pleine de choses à voir. Comme cette portion de la ligne orange et parallèle à celle-ci, je m’attendais à une ambiance similaire... mais non.
C’est que les stations de la ligne orange longent l’autoroute Ville-Marie. On se retrouve donc souvent à marcher le long d’un viaduc autoroutier, à passer en dessous et finalement à avoir hors de notre portée des éléments intéressants de la vie montréalaise.
On commence avec la station Georges-Vanier, qui donne le ton. Face à un viaduc autoroutier, entourée de petits bâtiments résidentiels, elle est reconnue pour être la station la moins fréquentée du réseau. Oui oui, en plein centre-ville!
Il faut ensuite passer sous l’autoroute pour atteindre Lucien-L’Allier, qui dessert le Centre Bell (c’est là que les fans aux chandails du Canadien débarquent habituellement du métro). On repasse en dessous pour continuer notre trek dans le quartier des affaires: on passe près de la Place Bonaventure et de sa gare, on aperçoit le Square Victoria, le Palais des Congrès et le Quartier chinois.
Dans le secteur Place-d’Armes/Champ-de-Mars, on est encore séparés par des infrastructures urbaines de l’hôtel de ville, du palais de justice et du Vieux-Montréal. On se sent toujours un peu à part de l'ambiance comparativement à sur la ligne verte.
On arrive à Berri-UQAM, dans le Quartier latin. La rue Saint-Denis est fermée aux véhicules, et ça prend tout pour qu’on ne s’arrête pas sur une terrasse. On prend une petite pause dîner, mais il faut vite repartir car il nous reste encore un bon bout à faire.
Section 3 – La branche Est – Berri-UQAM à Henri-Bourassa – 10,6 km
On est maintenant rendus dans la partie de Montréal qu'on connait le mieux. La branche Est du métro est assez linéaire et nous fait traverser les prisés quartiers Le Plateau-Mont-Royal, La Petite-Patrie, Villeray et Ahuntsic.
On a pu admirer le nouvel édicule de la station Mont-Royal, entouré ce jour-là d’un marché de la poésie. Remarquez le petit mont Royal sur le toit!
Des amis avaient promis de nous rejoindre dans ce coin-là pour raviver notre motivation. Le chef de site de 24 heures, Jean-Philippe, est le premier à nous rejoindre sur le Plateau. Avec lui, on a croisé des chats, des beaux immeubles et observé la station Rosemont, nouvellement encastrée dans un immense immeuble résidentiel. Le secteur est bien plus dense qu’il y a quelques années!
Vers Beaubien, une autre amie nous rejoint et on arrête prendre une crème glacée. On se dit qu’on est surpris de ne pas encore avoir très mal aux jambes, et on progresse jusqu’à l’autoroute (station Crémazie), où l’amie en question nous laisse poursuivre notre chemin.
La fatigue s'installe progressivement. C’est au cours de notre marche dans Ahunstic qu’on commence à avoir des fous rires un peu pour rien. On prend une pause à côté de la station Henri-Bourassa, près du revampé stade Gary-Carter (inauguré la veille), avant d’entamer la section finale...
Section 4 – Laval – Henri-Bourassa à Montmorency – 5,1 km
Le pont Viau, qui enjambe la rivière des Prairies, nous amène à l’extérieur de l’île de Montréal. Premier constat: les alentours de la station Cartier nous semblent très peu développés! Il y a des terrains vague, une petite cour municipale, quelques logements... mais vraiment pas grand-chose, quand on pense qu’on est à quelques pas d’une station de métro!
On a aussi vu une marmotte, probablement le moment le plus bucolique de cette marche.
Il faut après marcher assez longtemps, une bonne demi-heure, à travers plusieurs quartiers résidentiels pour se rendre jusqu’à la station de la Concorde. Là, on commence à avoir vraiment mal aux pieds.
Un petit kilomètre de plus nous mène enfin à notre point d’arrivée: la station Montmorency!
Ç’a pris combien de temps?
Les tunnels de la ligne orange du métro font 30 km au total. Par contre, à la surface du sol, on ne peut pas suivre le tracé exact. Le parcours sur rue qui permet de relier toutes les stations totalise 33,1 km.
La marche nous aura finalement pris 10h20, incluant les pauses et le temps passé à chercher un peu notre chemin entre certaines stations. Difficile de croire qu’on a marché à travers tous ces quartiers durant une seule et même journée!
On célèbre un peu en remplissant nos bouteilles d’eau au terminus, puis on reprend, sans cérémonie, le métro pour revenir chez nous. À noter qu’on a marché tellement loin que ça prend un billet zone AB pour rentrer à la maison – un flex comme un autre.
Quel sera notre prochain défi de marche? Peut-être l’île de Montréal sur toute sa longueur. À suivre...