On a passé un avant-midi avec un berger et ses moutons au parc Maisonneuve

Jeudi matin, direction Repaire de Biquette au parc Maisonneuve. Max, qui est berger, nous y retrouvera avec ses 17 moutons qui passent l’été à Montréal.
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L’heure du rendez-vous: 8h45. La pluie commence tout juste à tomber. Déjà la première leçon: il faut être prêt à tout quand on travaille dans une bergerie, parce que les moutons doivent être sortis, beau temps, mauvais temps.
Aussitôt arrivé, Max se met au travail, tout comme Annie, la responsable du Repaire de Biquette, où se situe la bergerie où vit le troupeau. En tout, ce sont plus de 150 bénévoles qui se relaient pour prendre soin des bêtes laineuses et de la ferme où ils vivent.
La bouffe rationnée
Il est 9h et les moutons se bousculent pour sortir de la bergerie et engloutir les grains qu’Annie leur a préparés. Ce que ne savent pas les animaux, c’est qu’ils devront se contenter de plus petites portions qu’à l’habitude.
Annie explique que les réserves de grains sont plus basses en ce moment. Mais comme il ne s’en vend pas sur l’île de Montréal, un membre de l’équipe devra se rendre à Sainte-Julie ou à Mirabel pour s’en procurer.
Des promenades organisées
Il est 9h15. Une fois le repas du matin terminé, les moutons sont prêts pour leur première promenade du jour.
On nous explique alors le modus operandi pour les déplacements du troupeau dans le parc. Trois ou quatre personnes doivent suivre les moutons pour s’assurer qu'ils restent groupés et qu’ils n’envahissent pas la piste cyclable.
Les bergers se placent en triangle: une personne va à l’avant du troupeau et les autres se tiennent sur les côtés. Sans cette structure, les moutons ne feront que marcher, sans brouter l’herbe. Si les moutons broutent du gazon, ils préfèrent les trèfles, les pissenlits, les plantains et les plantes envahissantes.
Who run the world? Girls...
Alors qu’on continue de marcher – et qu’on a oublié qu’on est en plein milieu de Montréal, à un jet de pierre du Stade olympique –, Max nous explique que les moutons vivent de manière plutôt égalitaire.
Mais ce sont les femelles qui mènent généralement la parade. Dans le troupeau du parc Maisonneuve, c’est Sparkle, l’une des aînées, qui semble aux commandes.
Malo et Tibo, deux mâles plutôt dodus, trainent quant à eux de la patte. Ils préfèrent bien plus se gratter en se frottant contre les arbres.
La durée des promenades dépend d’ailleurs entièrement des moutons, précise Max. Les sorties du matin, alors que les bêtes sont au sommet de leur forme, sont toutefois d’ordinaire plus longues.
«Est-ce qu’il fait caca?»
Les moutons fascinent les passants croisés sur leur chemin. Plusieurs s’arrêtent pour les prendre en photo et modifient leur trajet pour suivre le troupeau quelques minutes.
10h30, nous croisons un groupe d’enfants, qui se mettent à courir en direction des moutons. Heureusement Max est là, prêt à intervenir. Iel demande aux enfants de ralentir un peu, pour ne pas déranger le travail des bêtes. Ce n’est pas permis non plus de flatter les moutons pendant les promenades.
Les petits sont émerveillés. On se dit que c’est peut-être la première fois qu’ils voient des moutons en chair et en os.
«Est-ce qu’ils font caca? Est-ce qu’ils font pipi?», demande un des bouts de choux.
«Oui, comme toi», répond Max à l’enfant, qui s’empresse de rétorquer d’un air dégoûté qu’il ne fait pas ça, lui.
Pour Max, mais aussi pour Roxanne, qui est bénévole depuis quatre ans, interagir avec les jeunes et le public, c’est ce qu’ils préfèrent de leur rôle.
Le grand retour au bercail
11h15. Max et les autres bergers se positionnent derrière les moutons pour les encourager à se diriger, tranquillement, vers la bergerie. Charles-Édouard ralentit toutefois le groupe. L’agneau préfèrerait se faire caresser par un des bénévoles que de marcher.
Le retour à la bergerie se fait à 11h30. Des agneaux en profitent pour s’abreuver auprès de leur mère. Certains moutons en profitent quant à eux pour boire de l’eau ou se frotter allègrement contre la structure de la bergerie.
Ils se reposeront d’ici leur prochaine marche et entameront le processus de rumination. Les moutons, dont l’estomac se divise en quatre parties, vont digérer, régurgiter et digérer à nouveau ce qu’ils ont mangé.
Pourquoi installer des moutons à Montréal?
Voici les trois principaux objectifs du Repaire de Biquette:
- Faire de l’éco-pâturage et favoriser la biodiversité du parc Maisonneuve, en contribuant à la tonte du gazon et à la gestion des plantes envahissantes de façon écologique.
- Éduquer grâce à des ateliers, des conférences et des activités s’adressant autant aux plus petits qu’aux plus grands.
- Développer un esprit de communauté dans le secteur.
Vu la popularité des moutons du parc Maisonneuve, d’autres bêtes s’installeront à Rivière-des-Prairies cet été. Et avis aux intéressés: ils sont à la recherche de bénévoles. Les moutons se déplaceront ensuite à Joliette.