1000 messages et 11 000 clics sur une annonce pour céder son 2 1⁄2 à 695$ par mois

Une Montréalaise qui voulait céder son bail a reçu environ 1000 messages et plus de 11 000 clics sur son annonce Marketplace, signe de la «grande détresse» que vivent plusieurs personnes qui cherchent un logement à un prix raisonnable, déplore-t-elle.
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Le 29 juin, Evelyne a publié une annonce Marketplace afin de céder son logement situé dans Villeray. Elle avait pris la décision de se départir de son bail en raison d’un changement de plan dans sa vie personnelle.
La cession de bail s’est faite rondement: le soir même, une première visite est organisée. Le lendemain, soit à un jour du 1er juillet, elle organise 7 visites pour le logement. Au bout de la quatrième visite, la personne souligne son désir de reprendre le logement. Le lendemain, elle lui remet les clés.
En l’espace de 48 heures, Evelyne a cédé son bail, reçu environ 1000 messages via Messenger et son annonce avait été vue plus de 11 000 fois.
«J’ai senti la grande détresse»
Selon Evelyne, à part un prix alléchant dans le marché locatif actuel et le fait qu’un chat soit accepté, le logement n’a rien de spécial qui peut expliquer l’engouement. L’appartement est salubre, mais l’immeuble a été construit dans les années 1960 et les escaliers sont chambranlants, indique-t-elle.
D’où son impression que l’afflux de message venait surtout de la situation difficile sur le marché locatif.
«J’ai senti la grande détresse des gens qui m’ont contactée», dit celle qui explique que plusieurs personnes se sont ouvertes sur la précarité de leur situation en message privé dans l’espoir d’obtenir le bail.
Bien qu’elle ait rapidement trouvé preneur, Evelyne a tenu à répondre à chaque personne qui l’avait contactée au sujet du logement. «Plusieurs personnes n'étaient pas au courant des organismes vers lesquels se tourner pour obtenir une aide temporaire et ne pas se retrouver à la rue», a-t-elle remarqué.
Des gens prêts à payer plus
Des individus lui ont demandé si elle exigeait un dépôt afin de visiter le logement, alors que d’autres ont proposé de payer un montant supplémentaire afin qu’elle accepter de leur céder son bail.
«Certains chercheurs de logement m'ont partagé que les cessionnaires leur ont demandé jusqu'à 5000$ pour être priorisés», s’étonne-t-elle.
«D'autres ont cru que j'étais proprio et voulaient me payer un loyer plus élevé que celui demandé», ajoute-t-elle.
Au moins 490 ménages se sont retrouvés sans bail au lendemain au 1er juillet, selon un bilan du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). Parmi ce nombre, 115 sont situés à Montréal.
Rappelons qu’actuellement, le propriétaire d’un logement ne peut refuser une cession de bail que pour des motifs raisonnables, par exemple si une enquête de crédit lui laisse croire que le nouveau locataire ne sera pas en mesure de payer son bail. Un projet de loi de la CAQ pourrait bientôt faire en sorte que le propriétaire pourra refuser pour le motif de son choix.