On a passé 1h sur Omegle et on a vu beaucoup de pénis et d’entrejambes | 24 heures
/tendances/culture-web

On a passé 1h sur Omegle et on a vu beaucoup de pénis et d’entrejambes

Image principale de l'article Beaucoup de pénis en 1 heure sur Omegle
PHOTOMONTAGE Marilyne Houde

Connaissez-vous Omegle, la plateforme de messagerie qui nous met en contact avec un inconnu? Lancé il y a près de 15 ans, Omegle a gagné en popularité ces derniers temps après que des créateurs sur TikTok se sont mis à l’utiliser. Pour savoir ce qui s’y trame, on a passé une heure sur la plateforme. Alerte au divulgâcheur: on en a vu des vertes et pas mures.

• À lire aussi: J’ai passé 1h au canal de Lachine avec un pêcheur à l’aimant et voici ce qu’on a trouvé

• À lire aussi: Itinérance, détresse et violence dans le métro: on a passé 1h à Berri-UQAM et on fait le point

Premier arrêt: la France

Mercredi après-midi. Je me connecte à Omegle. 

Lors des cinq premières minutes sur la plateforme, on me met en contact principalement avec des usagers dont la caméra pointe en direction de l’entrejambe. Ça promet...

Je vois aussi passer des publicités m’incitant à visiter des sites de masturbation en direct. La plateforme est pourtant accessible aux mineurs. Jamais on ne nous demande notre âge, bien qu’on nous demande d’être majeur pour accéder au chat.

Capture d'écran de la page d'accueil du site web Omegle.com 

Je ne désespère pas. 

Après m’être fait couper le sifflet par plusieurs hommes – un usager peut mettre fin à la communication avec l’autre à tout moment –, j’atterris (enfin) dans la cuisine de Moubarak Mamoud. 

s

On jase un peu, lui et moi. L’étudiant de 27 ans, qui vit en France depuis 2019, me raconte avoir quitté son Bénin natal, en Afrique de l’Ouest, pour faire ses études en génie civil à l’Université de Reims Champagne-Ardenne. 

Il m’explique ensuite bosser une dizaine d’heures par semaine. «C’est à peine pour subvenir à ses besoins», mentionne-t-il.

Moubarak Mamoud a eu la gentillesse de se faire tirer le portrait par notre journaliste, après une longue discussion sur tout et sur rien.

PHOTO Capture d'écran du site web Omegle.com 

Moubarak Mamoud a eu la gentillesse de se faire tirer le portrait par notre journaliste, après une longue discussion sur tout et sur rien.

«Lorsque je suis arrivé en France, mes parents m’envoyaient de l’argent. Dès que je leur ai annoncé que je m’étais trouvé un petit boulot, ils ont tout coupé», poursuit-il en riant.  

«Mais c’est normal. J’ai 27 ans, c’est mon devoir [de gagner ma vie]. Je ne gagne pas trop [d’argent], mais ça va. Je vis comme un étudiant. Je ne vis pas au-dessus de mes moyens», ajoute celui qui compte retourner au Bénin pour travailler comme ingénieur civil.

Dieu merci, je suis tombé sur toi!

Et que fait Moubarak sur Omegle? Un ami lui a suggéré d’utiliser la plateforme pour améliorer son anglais. 

Mais s’il croise parfois des anglophones avec qui discuter, le plus souvent, il tombe sur des hommes en train de s’astiquer le poireau. 

«Ça m’arrive de tomber sur des trucs bizarres, mais, Dieu merci, je suis tombé sur toi», me lance-t-il en riant, avant de me saluer. 

Un exemple de ce qu'un interlocuteur peut avoir l'air, lorsque vous êtes connectés: un pouce qui cache la caméra pour cacher quelque chose.

PHOTO Jean-Michel Clermont-Goulet | 24 heures 

Un exemple de ce qu'un interlocuteur peut avoir l'air, lorsque vous êtes connectés: un pouce qui cache la caméra pour cacher quelque chose.

Petit tour en terre helvétique

Après avoir croisé d’autres pénis au garde à vous, je tombe sur Thomas et Ethan. Les deux amis d’enfance de 15 et 13 ans vivent à Les Avants, près de Montreux, en Suisse. 

Ethan utilise Omegle depuis quelques mois, alors que pour Thomas, c’est relativement nouveau. 

Les deux Suisses, qui ont passé l’après-midi sur la plateforme, me confient qu’ils n’ont pas l’habitude de croiser des gens sympathiques (comme moi). 

«Bien souvent, les gens skippent ou ne parlent pas», me disent-ils. Et d’autres utilisateurs font des trucs pas très catholiques, poursuivent les ados qui m’assurent avoir l’autorisation de leurs parents pour utiliser Omegle. 

Vive le suisse romand

Pendant la vingtaine de minutes que durera notre discussion, nous louangeons le français parlé en Suisse romande. 

«C’est vrai, pourquoi les Français se saoulent à dire soixante-dix plutôt que septante», se questionne Thomas. 

Je lui annonce alors que c’est aussi comme ça au Québec. Stupéfaction de l’autre côté de l’Atlantique. 

Thomas (à gauche) et Ethan (à droite), les deux amis d'enfance qui m'ont invité malgré eux dans leur salon de Les Avants, en Suisse, le temps d'une petite jasette improvisée.

PHOTO Capture d'écran du site web Omegle.com 

Thomas (à gauche) et Ethan (à droite), les deux amis d'enfance qui m'ont invité malgré eux dans leur salon de Les Avants, en Suisse, le temps d'une petite jasette improvisée.

On discute aussi de la géographie de la Suisse, plus précisément du lac Léman, le plus grand d’Europe de l’Ouest, où comme plusieurs Suisse le surnomment affectueusement, le lac de Genève.

«À la base, on devrait simplement dire “le Léman”, parce que “Léman”, en latin, ça veut dire “lac”», m’enseigne Thomas. 

Je me coucherai moins niaiseux. Merci, Thomas. 

À ne pas recommander

Avant de passer une heure sur Omegle, je m’attendais à croiser des hommes qui ressentent le besoin de s’exhiber la verge. Je ne m’attendais toutefois pas à croiser autant de gens qui souhaitent échanger – pour vrai – sur tout et sur rien.  

Est-ce que je vais y retourner? Absolument pas. Une heure, c’est bien en masse. 

Et est-ce que je conseillerais à des gens de tenter l’expérience? Peut-être, mais il faut être prêt à tomber sur des gros plans de pénis non sollicités. Cœurs sensibles s’abstenir... 

À voir aussi:

s

À lire aussi

Vous pourriez aimer

En collaboration avec nos partenaires