Protégez-vous: la gonorrhée est en progression et elle résiste de plus en plus au traitement

La gonorrhée, dont les cas sont en hausse au Canada et dans plusieurs autres pays, résisterait de plus en plus aux traitements utilisés pour la guérir, préviennent l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et un médecin montréalais.
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Au fil des dernières années, les lignes directrices pour le traitement de la gonorrhée ont été ajustées afin de contrer la résistance aux antiobiotiques, explique Dr Maxim Régimbal-Éthier, médecin à la clinique Quorum et cofondateur des cliniques de dépistage des ITSS Prelib.
Auparavant, le traitement recommandé par les autorités de santé publique était offert sous forme de comprimés, alors que l'on suggère maintenant que le médicament soit donné par injections.
La gonorrhée est une infection transmise sexuellement qui peut infecter la gorge, les yeux et les parties génitales qui ont été en contact avec un organe génital infecté.
Qu’est-ce qui explique cette résistance au traitement?
«La résistance aux antibiotiques est un phénomène naturel qui se produit lorsque les bactéries évoluent pour résister aux effets des médicaments», explique le Dr Régimbal-Éthier.
Cette résistance se développe généralement de deux manières.
D’abord, certaines mutations subies au moment de se reproduire peuvent rendre la bactérie qui cause la gonorrhée plus résistante au traitement, précise le médecin.
La résistance aux traitements peut ensuite résulter d’un transfert génétique. Lorsque des bactéries sont en contact étroit, comme dans le corps humain, elles peuvent se transmettre des gènes de résistance entre elles, mentionne celui qui est président du Comité sur les infections transmissibles sexuellement et par le sang (CITSS) de l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ).
«La surutilisation et la mauvaise utilisation des antibiotiques ont accéléré le processus de résistance, affirme le médecin. Par exemple, lorsque les antibiotiques sont utilisés et que ce n’est pas nécessaire ou lorsque le traitement n’est pas terminé, les bactéries ont plus de chances de développer une résistance.»
Une situation «inquiétante» au Québec
Dans son Portrait des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) au Québec pour l’année 2021, l’INSPQ qualifie cette hausse de la résistance d'«inquiétante».
«La diminution de la sensibilité aux antibiotiques se produit dans un contexte d’augmentation très importante du nombre de cas et pose le défi des échecs de traitement pouvant en résulter ainsi que de la détermination de schémas thérapeutiques efficaces», explique-t-on dans le rapport paru mardi.
L’INSPQ souligne par ailleurs que l’augmentation du nombre de cas de gonorrhée pourrait s’expliquer par une hausse du dépistage des ITSS.
En 2021, le taux de résistance à l’azithromycine, un des antibiotiques utilisés pour guérir la gonorrhée, a atteint un sommet à 39%, indique l’INSPQ dans son rapport. Entre 2017 et 2020, le taux de résistance vacillait entre 24% et 31%.
Le ciprofloxacine, un autre antibiotique, serait encore moins efficace avec un taux de résistance de 50% en 2021.
Le dépistage, primordial
Pour stopper la progression de la gonorrhée, qui peut être asymptomatique, le Dr Maxim Régimbal-Éthier rappelle l’importance d’aller se faire dépister et de compléter un contrôle après le traitement selon les indications du professionnel de la santé.
«Il faut vraiment que les gens se fassent tester pour prévenir la résistance et pour mieux contrôler la circulation de la gonorrhée, traiter le plus rapidement possible et éviter qu’elle développe une résistance éventuelle», insiste-t-il.