30 000 rouleaux de papier partis en fumée: le grand gaspillage de la SQDC

Alors que plusieurs pays européens – dont la France – ont décidé de bannir les reçus automatiques aux caisses de leurs magasins, la Société québécoise du cannabis (SQDC) continue d’imprimer inutilement les factures de ses clients, faute de solution technologique adéquate.
Ce que vous allez apprendre en lisant ce texte:
- La SQDC a consommé 30 000 rouleaux de papier pour ses caisses en 2022.
- Les reçus de caisse ne sont pas recyclables, car ils sont imprimés à chaud.
- La Société des alcools du Québec (SAQ) a changé de système dernièrement, mais continue de gaspiller beaucoup de papier.
- La SQDC a rapporté 232,7 millions $ à l’État québécois en 2022.
- La France a interdit les reçus de caisse automatiques à compter du 1er août 2023.
«Voulez-vous votre reçu?», «Vous désirez une facture?» La question varie parfois, mais jamais le résultat.
Avant même que le client n’ait le temps de répondre – «non», le plus souvent –, la facture est imprimée et jetée machinalement dans la poubelle.
Quand on sait que plus de 36 millions de transactions ont été réalisées dans les succursales de la SQDC en 2022, ça fait, au bout du compte, beaucoup de reçus imprimés sans raison. Et, surtout, beaucoup de papier gaspillé.
Car il s’agit de papier imprimé à chaud, donc non recyclable.
Un changement de système prévu pour le printemps 2024
Selon les chiffres que la SQDC a transmis à 24 heures, la société d'État a acheté l’année dernière environ 30 000 rouleaux de papier pour alimenter les caisses de sa centaine de succursales.
«À l’heure actuelle, notre système imprime obligatoirement les factures, que les clients les veuillent ou non. Toutefois, nous sommes en période de transition pour une nouvelle version du logiciel de gestion des caisses qui nous permettra de ne pas procéder à l’impression si les clients en font la demande», nous explique un porte-parole de la société d'État qui a rapporté plus de 232 millions $ à l’État québécois en 2022.
L’implantation de ce nouveau système sera réalisée au printemps 2024.
Une rapide recherche sur Amazon nous permet d'ailleurs de constater que l’on peut acheter des rouleaux de caisse par boîte de 50 au prix de 20,99$. Sur cette base, 30 000 rouleaux représente une commande de 600 boîtes, soit plus de 12 500$.
Toujours beaucoup de reçus à la SAQ
La SAQ, de son côté, a changé le paramétrage de ses caisses en décembre 2018, afin d’arrêter d’imprimer des reçus inutilement. Sauf que dans la pratique, la société d’État est loin de réaliser des économies de grande échelle. En effet, si le détail de la commande est désormais imprimé uniquement à la demande du client, le reçu de la transaction continue de l’être automatiquement, tout comme le reçu de la carte de paiement.
Des employés de la SAQ interrogés dans plusieurs succursales avancent qu’on est loin d’avoir réduit la quantité de papier consommée.
«Je me demande même si on n'en consomme pas plus qu’avant», a même affirmé à 24 heures une employée d'une succursale située dans Villeray, à Montréal.
À la SAQ, on confirme qu’on est encore «en mode amélioration» et que la mesure qui consiste à supprimer les reçus en papier aux caisses «ne peut se faire au détriment du consommateur».
Alors qu’elle devrait enregistrer plus de 58 millions de transactions dans ses succursales cette année, la SAQ a dû commander 183 300 rouleaux pour l’année 2022-2023.
La France bannit l'impression systématique des reçus de caisse
Si les choses mettent du temps à bouger aux caisses des succursales de nos sociétés d’État, en Europe, on semble avoir un coup d’avance.
Le 1er août, la France a mis fin à l'impression systématique du reçu en papier, emboîtant le pas à la dizaine de pays européens qui ont déjà adopté cette mesure.
Dans l'Hexagone, cette mesure vise à réduire la production de déchets, tandis que 12,5 milliards de reçus sont imprimés chaque année dans le pays.
Au total, on parle d’économies de 150 000 tonnes de papier (soit 25 millions d'arbres) et de 18 milliards de litres d'eau, selon le gouvernement.