Fierté Montréal : trois membres de la communauté se rappellent de leur premier festival
L'annulation du défilé de la Fierté en 2022 n'a pas découragé la communauté LGBTQ+ qui veut continuer de se battre pour ses droits.
Quand on fait partie de la communauté LGBTQ+, ça sert à quoi de participer au festival de la Fierté? On a posé la question à trois personnes. Elles seront présentes, sans hésiter, à cet évènement qui a lieu pour la 17ème fois à Montréal.
Durant son premier été à Montréal, Maxence Garneau n’était pas du tout préparé à participer à la semaine de la Fierté. Il y a finalement été «comme un cheveu sur la soupe». C’était en 2015. Il avait presque 19 ans.
«Je n'avais pas encore beaucoup d'amis dans la communauté, donc j'y suis allé seul», se rappelle ce Québécois originaire du Lac-Saint-Jean.
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«Quand t’as grandi dans un milieu où tu ne te sentais pas nécessairement accepté, arriver là et voir plein de personnes queer qui s'assument pleinement, qui sont flamboyantes et ne s'excusent pas de l'être, je trouvais ça inspirant. Ça me faisait du bien d'enfin sentir que je pouvais appartenir à un groupe».
Sentiment d'appartenance
Venant de la banlieue, Tara Chanady évitait de marcher dans le Village gai pendant des années. «Quand j'étais jeune, on me disait : «Il ne faut pas aller là. Les gens sont bizarres. Les gens sont anormaux». C’est de là qu'est venu aussi tout mon sentiment de honte par rapport à mon orientation sexuelle».
Après avoir regardé la programmation de loin, elle ose finalement participer à sa première Fierté en 2013 avec sa copine de l’époque, pour lui tenir la main.
«Ça m'a vraiment permis de m'accepter, avoue Tara, lesbienne âgée maintenant de 34 ans. Depuis quelques années, pour moi, la Fierté, c'est comme Noël. Je suis excitée de retrouver chaque année ma famille choisie».
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Léa Alice, femme trans de 45 ans, participera cette année à sa cinquième édition. La première, c'était en 2016, «un an après le début de ma transition».
À l’époque, elle s’est retrouvée habillée d'un costume digne du carnaval de Rio et a marché avec le contingent Afro Pride. «C'est littéralement l’affaire la plus magique, la plus colorée, la plus rythmée que je n’ai jamais vue».
Se sentir existée et libre
Pendant le défilé, elle se sent bien. Elle se sent elle-même. «On se sent au milieu d'une foule qui est là pour nous regarder célébrer nos droits. Ça donne des frissons. C'est un beau moment», avoue Léa Alice.
Tara Chanady espère que la semaine de la Fierté permette à sa communauté de se rassembler et de s’organiser. «On a très, très peu d'espaces pour les communautés lesbiennes à Montréal. On se sent en minorité en tant que femme».
Parce que les clichés existeront toujours, «la Pride, il faut que ça demeure politique», selon Léa Alice. «Ce n'est pas juste un party, mais c'est se souvenir qu’il n’y a aucun droit qui est acquis pour toujours».
Maxence Garneau met aussi la priorité sur le militantisme derrière l’évènement. «Ce qui m'habite [...], c'est plus de défendre nos droits, [...] de ne pas les prendre pour acquis parce qu'on le voit dans plein de régions du monde. Il y a des régressions», observe-t-il.
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La montée du populisme et de l’extrême droite, ici et ailleurs, inquiète Léa Alice. «On le voit dans les médias aussi, certains chroniqueurs qui aiment beaucoup dénigrer la communauté LGBTQ. Et les hate crimes qui sont en hausse».
Face à cette liberté fragile, elle appelle la communauté à se battre pour les futures générations.