Peut-on laisser des jouets à partager dans les parcs publics de Hochelaga?

Peut-on laisser des jouets pour enfants dans un parc public pour que d’autres puissent en profiter? Cette question se trouve au cœur d’un débat dans le quartier Hochelaga, à Montréal.
Au début du mois de juin, Helen Bouchard et sa voisine Jessica Laurence ont commencé à laisser des jouets pour enfants dans le parc Sarah-Maxwell. Il y a un peu de tout: des petites automobiles, un mini filet de basketball, des voiturettes dans lesquelles les enfants peuvent s’installer ainsi que des installations pour les tout-petits.
Les deux femmes avaient pris l’habitude de se rejoindre dans le parc, qui longe la rue de La Fontaine, entre les rues Dézéry et Préfontaine, juste au sud de la rue Ontario.
«Tant qu’à ramener les jouets, aussi bien les laisser pour que tout le monde puisse en profiter», raconte à 24 heures Helen Bouchard. Ce parc profite autant aux enfants du quartier qu’à ceux qui fréquentent les garderies avoisinantes, souligne la grand-mère d'une fillette de 4 ans.
«Pendant que les enfants jouent, les parents jasent», ajoute celle qui estime que son initiative profite à la vie de quartier.
Les deux femmes ont installé une affiche indiquant que les jouets pouvaient être empruntés par tous et qu’ils devaient être remis à leur place après utilisation.
Mais la pancarte serait disparue depuis, et une autre devrait être installée prochainement.
Une plainte à l’arrondissement
À la fin du mois de juin, un avertissement de l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve indiquant de retirer les jouets d’ici le 4 juillet a été affiché dans le parc.
C’est qu’un résident du voisinage a déposé une plainte. Un inspecteur se serait donc rendu sur les lieux, selon Julie Bellemare, agente de recherche pour l’arrondissement. Lors de son passage, il aurait vu des jouets, mais aussi un «BBQ, des chaises et plusieurs jouets endommagés dans le parc», selon elle.
La présence de jeux pour enfants enfreindrait un règlement de l’arrondissement qui interdit de «disposer ou de permettre que soient disposés des biens de manières à obstruer ou empiéter sur le domaine public autrement qu’en conformité avec tout autre règlementation applicable», indique-t-on sur le site de la Ville de Montréal. Il est aussi interdit d’utiliser un barbecue.
Mais apparemment, cette situation tombe dans une zone grise, et l’arrondissement pourrait faire preuve de tolérance. «Les jouets discrets et en bon état ayant été laissés par les citoyens sont généralement tolérés lorsqu’ils sont entreposés dans un espace ne posant pas de problèmes de sécurité ou d’accessibilité», explique Julie Bellemare.
Lors du passage de 24 heures dans le parc, l’affiche de l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve n’était plus là.
Projet toujours en vie
Malgré l’avertissement de l’arrondissement, la plupart des jouets sont effectivement toujours accessibles au parc Sarah-Maxwell.
«[...] Depuis l’intervention de l’équipe d’inspecteurs, un nettoyage a été réalisé par les citoyens du voisinage et les équipes de l’arrondissement n’ont pas eu à intervenir subséquemment», mentionne Julie Bellemare.
Helen Bouchard affirme remettre en ordre les jouets plusieurs fois par semaine, lorsqu’elle s’y rend avec sa petite-fille.
Helen Bouchard et Jessica Laurence prévoient continuer d’entretenir leur initiative de quartier. «Ce que je trouve dommage c’est que des jouets que les enfants aimaient ont disparu, déplore la grand-mère. Quand des jouets disparaissent, ce n’est pas le fun pour les enfants.»