Danse et nourriture: 2 événements de la communauté haïtienne à essayer cette année

La Journée de la cuisine haïtienne est une excellente occasion de découvrir toute la richesse culinaire de ce pays.
BILLET - Cette année, la communauté haïtienne se démarque particulièrement en organisant divers événements qui visent à attirer le grand public – ce n’est pas seulement pour les Noirs.
Des entrepreneurs rassembleurs haïtiens ont choisi d’exploiter la richesse de leur culture à travers plusieurs événements. Le dénominateur commun? Promouvoir une réalité inclusive, normaliser un dialogue d’unité et créer une expérience accessible à tous et à toutes.
On leur a parlé pour mieux comprendre leurs événements ainsi que leur démarche.
Konpa on the beach - 20 août
Pour ne pas oublier le sens de la fête de nos parents, la diaspora haïtienne honore la musique konpa en organisant divers événements communément appelés bals, où les invités dansent toute la nuit sous les rythmes de ce type de mini-jazz créole.
Ces bals accueillent les groupes populaires de konpa et s’adressent généralement à un public très niché, soit des membres de la communauté antillaise qui écoutent et dansent ce type de musique.
Toutefois, Jonathan Nicolas voit plus grand. Il souhaite que les Québécois puissent adopter le konpa comme d’autres genres musicaux du monde comme l’afrobeat (Burna Boy) ou le trap latino (Bad Bunny).
Avec ses deux partenaires de la boîte de production Urban Event Entertainment, le chef de projet souhaite faire découvrir au grand public d’ici les artistes des Antilles avec l’événement Konpa on the Beach, qui aura lieu ce dimanche (20 août), au Beachclub, avec des vedettes comme Kelly Krow, Tonymix ou encore Kai.
Ça s'annonce gros: il espère avoir 5000 personnes lors de son événement. Voici ce qu’il avait à nous dire.
Jonathan, le konpa est-il accessible à tous?
«Oh mon Dieu, il y a un énorme marché pour ça! Le konpa est précurseur de plusieurs styles de musique qui ont cartonné dans les Caraïbes dans les années 2000 comme le dancehall ou le reggaeton et aujourd’hui les artistes d’afrobeat et d’amapiano s’inspirent beaucoup de la musique konpa. Quand j’écoute les chansons de la star française internationale Aya Nakumara, il y a tellement de rythmes de konpa! Alors, comment se fait-il que notre musique ne rejoigne pas encore la masse et qu’elle n’est pas internationale? C’est là que nous intervenons.»
Pourquoi choisir Montréal?
«De Haïti, j’ai immigré à Montréal et je sais que le réseau de la métropole est un excellent terrain pour tester la musique konpa, car non seulement il y a une forte communauté haïtienne, mais la société d’accueil interagit beaucoup avec les autres cultures. Montréal est un fort marché francophone et la musique konpa mélange les racines africaines et françaises. C’est le parfait mariage!»
Comment faire découvrir le konpa?
«Avec des événements comme Konpa on the Beach. On choisit un lieu différent de ce qu’on est habitués de voir. Le Beachclub est un endroit idéal pour se réunir et faire la fête et surtout pour concrétiser la venue d’artistes importants.
C’est important pour moi de montrer à la nouvelle génération que nous sommes capables de faire les choses en grand et de faire vivre une expérience musicale antillaise qui est à la hauteur des bases de l'industrie, soit attrayante, sérieuse et amusante, comme le font divers festivals de la ville.»
La Journée de la cuisine haïtienne - 1er septembre
Riz collé, poulet frit, bananes pesées – oui, ce sont quelques plats populaires de la gastronomie haïtienne qui font saliver les Montréalais!
Depuis quelques années, les restaurants spécialisés de la gastronomie antillaise se forgent de plus en plus de place dans l’offre de la restauration montréalaise, mais selon Edner Cajusma, initiateur de la Journée de la cuisine haïtienne, elle gagne davantage à être reconnue pour sa variété et sa richesse.
Depuis cinq ans, le fondateur du Bottin Haïtien (qui réunit les entreprises haïtiennes) et photographe a créé un événement gourmand qui met de l’avant les chefs et les restaurateurs de la communauté haïtienne en invitant monsieur-madame-tout-le-monde à venir goûter aux saveurs caribéennes au Centre des congrès et banquet Renaissance (7550 Henri-Bourassa Est).
Il existe déjà la Poutine Week, la Burger Week, la Tacos Week... Comment se démarque La Journée de la cuisine haïtienne?
«D’abord, je suis très heureux de la programmation qui accueille nul autre que le chef Ron Duprat, qui fut affilié à la Maison-Blanche pour un programme caritatif sous l’administration Obama. Il a déjà cuisiné pour de grandes stars comme Beyoncé et Oprah, qui d’ailleurs, a nommé sa soupe joumou (courge) comme sa recette préférée en 2010. Il est fier de ses racines haïtiennes. C’est un deuxième Wyclef Jean pour faire rayonner notre culture et un porte-parole incroyable de la cuisine créole.
Si vous venez, c’est pour découvrir les nouveaux restos et les nouveaux jeunes chefs qui émergent à Montréal. C'est vraiment l’occasion de découvrir leur talent.»
Quelles sont les idées préconçues sur la gastronomie haïtienne?
«On croit que la nourriture se limite au riz, au griot (morceaux de porc frits) et aux bananes plantain... Pourtant, il y a un riche héritage des pays colonisateurs comme l’Espagne, la France, les États-Unis. La bouffe créole est influencée par nos ancêtres africains également.
Par exemple, il y a des fruits de mer comme le plat de lambi ou de lalo avec crabe. C’est tellement varié que les gens oublient qu’il y a vraiment un large spectre à la nourriture haïtienne.»
Cette expérience gourmande s’adresse à tous?
«Oui, venez en grand nombre! On peut vraiment y trouver son compte peu importe nos origines.
Ce que les gens mangent ici, on le mange aussi en Haïti! C'est seulement la façon de l'apprêter qui est totalement différente! On a des plats qui sont excellents pour la santé. Il y a une multitude de recettes faciles à exécuter et en les partageant, on peut donner des idées aux familles. Par exemple, on apprend à apprêter le riz différemment.»
D’autres événements inclusifs
D’autres événements qui ont eu lieu cette année avaient aussi des visées d’inclusivité. C’était notamment le cas du Salon international de la femme noire, qui s’est déroulé les 12 et 13 août, et qui revient chaque année.
L’objectif de ce salon est avant tout de faire briller les femmes d’affaires d’origine afro-descendantes, mais par le fait même de les faire découvrir par le grand public. C’est l’une des raisons pour lesquelles le salon est totalement gratuit.
L’ancienne humoriste Dorothy Rhau, instigatrice du salon, a témoigné de la diversité des participants présents à la sixième édition de cet événement.
L’entrepreneure sociale insiste sur l’importance de l’inclusivité: célébrer les plus oppressés veut dire aussi se diriger vers l’amélioration de notre société et donc y inclure tout le monde!
Pourquoi ce salon se qualifie inclusif et non exclusif à la femme noire?
«Je donne toujours l’exemple du défilé de Fierté Montréal. Est-ce qu’il faut être gai pour participer au défilé? Non! Les hétéros marchent aussi main dans la main avec la communauté LGBTQ+!
C’est ce que nous voulons pour le Salon de la femme noire.
Cela toujours été un mouvement inclusif, car ce sont toutes les personnes de tous les horizons qui sont invités à découvrir ce salon, année après année! On sait qu’en aidant les femmes noires, qui font partie de celles qui vivent le plus d’inégalités, on aide à rayer les inégalités de la société ensemble et c’est tout le monde qui va en bénéficier.»
Quelles sont donc les activités proposées au Salon international de la femme noire?
«On parle d’environnement avec le manque d’espace verts dans les quartiers défavorisés et pour ça, il y avait un producteur maraîcher qui présentait un mur de salade! Il y a eu aussi un marché fermier dans l’aire de restauration pour encourager à manger local.
On a créé l’espace Chambre à coucher, qui invitait les femmes comme les hommes à parler de sexualité et d'intimité autrement. Il y avait l’espace Potomitan pour aborder différents enjeux d’actualité de la société québécoise comme être parent d'un enfant handicapé ou encore l’espace STIM qui présentait des ateliers sur la science et la technologie... Cela concerne le grand public!
On a eu de nombreuses tables de concertations avec de véritables modèles de réussite en affaires comme avec Véronique Dorval, VP de la BDC. On veut vraiment inspirer tous les participants, tout en sensibilisant la communauté noire sur nos enjeux. On est en mode solution!
Tout ça, c’est sans compter les nombreux kiosques de services et de produits présentés par des femmes entrepreneures à découvrir!»