Faire une virée magasinage au «Duty Free», est-ce une bonne idée? | 24 heures
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Faire une virée magasinage au «Duty Free», est-ce une bonne idée?

Image principale de l'article Aller magasiner au «Duty Free», une bonne idée?
PHOTO Jean-Michel Clermont-Goulet | 24 heures

Avec le coût de la vie qui fait mal au porte-monnaie, peut-être êtes-vous tenté d’aller faire un petit tour aux États-Unis et de profiter des boutiques hors taxes à la frontière. Est-ce que ça se fait vraiment ou c’est plus compliqué qu’on ne le pense? On s’est rendu sur place pour décortiquer tout ça.

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C’est quoi, un magasin Duty Free?

Lors de notre périple, on s’est d’abord arrêté au magasin hors taxes de Philipsburg, du côté canadien de la frontière. On ne peut pas le manquer, il est assez gros et vous saute en pleine face lorsque vous arrivez près des lignes.

Comme dans tous les Duty Free, les produits (majoritairement des items de luxe offerts à des prix compétitifs) qui se trouvent entre les quatre murs de l’établissement sont exemptés de taxes et de droits de douane, d’où leurs prix plus faibles. 

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«Tu ne le trouveras pas moins cher au pays qu’ici. Le but, c’est que les gens dépensent leur argent au Canada avant de quitter pour les États-Unis. C’est ta dernière chance de contribuer à l’économie canadienne», m’explique Alexandra Bachand, fille du propriétaire, qui s’occupe de l’achat des produits en magasin. 

Alexandra Bachand, responsable de la mise en marché du magasin hors taxes de Philipsburg, au Québec.

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Alexandra Bachand, responsable de la mise en marché du magasin hors taxes de Philipsburg, au Québec.

Les plus gros vendeurs? L’alcool est les parfums. On retrouve plusieurs produits de luxe, comme une portion dédiée aux sacs Longchamp. Ce commerce est l'une des rares places à part le magasin Ogilvy, au centre-ville de Montréal, à vendre la marque française dans la province.

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Les amateurs de cognac pourraient également mettre la main sur une bouteille de Louis XIII, vendu — hors taxes — 4000$, plutôt que 5000$ à la SAQ

Alexandra m’explique au passage que tous les Duty Free qui longent la frontière canado-américaine (on en compte plus d’une trentaine) sont des entreprises familiales. Celle de Philipsburg appartient donc à la famille Bachand.

Possible, un simple aller-retour au Duty Free?

Mettons cependant quelque chose au clair: une personne qui réside au Canada ne peut pas se contenter d'aller faire une séance de magasinage au Duty Free canadien et faire un u-turn pour retourner à la maison sans franchir la douane canado-américaine. 

Pourquoi? Parce que tous les produits qui y sont vendus, de l’alcool aux cigarettes en passant par les parfums et les accessoires de mode, sont dédiés à l’exportation vers les États-Unis. 

Vous avez donc le droit d’acheter quelque chose au Duty Free, mais vous devrez obligatoirement passer la douane américaine ensuite, même si vous n’avez pas planifié de séjour chez nos voisins du Sud. 

Pierre-Paul Poulin / Le Journal 

Vous pourrez ensuite retourner au Canada directement sans problème... mais vous devrez déclarer vos achats. Le douanier pourrait vous demander de payer une somme d’argent, tout dépendant du produit. Et attention: cette somme peut être très élevée!

Elle est aussi difficile à estimer. 

L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) se fie à une suite de calculs compliqués qui prend en compte, pour une bouteille d’alcool par exemple, la provenance du produit, le type d’alcool, la quantité et le prix payé, notamment. Pour vous donner une idée, ça pourrait faire plus que doubler le prix de votre achat. 

Vous êtes tenté de ne rien déclarer? Selon le site web de l’ASFC, si on vous prend la main dans le sac (Longchamp ou pas), tout dépendant du genre de marchandises ou de biens et les circonstances, on peut vous imposer une pénalité se situant entre 25% et 80% de la valeur des produits.

Et en revenant des États-Unis?

Si vous revenez des États-Unis, là, ça peut être un bon moment pour s’arrêter dans un Duty Free américain pour faire des réserves. 

Lors de notre périple, on s’est arrêtés au Duty Free Americas de Highgate Springs, tout près du commerce canadien précédemment visité. C’est beaucoup moins grand que du côté canadien: on dirait un dépanneur.

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En entrant, on est accueilli par une sympathique employée, qui désire ne pas être nommée, car elle n’a pas reçu la permission de sa patronne pour nous piquer une jasette. Elle nous fait faire le court tour du proprio et on constate qu’on y retrouve les mêmes sections qu’au Duty Free unifolié, mais en beaucoup plus modeste.  

«On avait plus de produits avant la pandémie, l’achalandage n’est vraiment pas revenu comme avant», nous dit-elle, soulignant que le commerce est un peu caché de la route, située dans un boisé près de la dernière sortie avant la douane, ce qui n’aide pas la cause.

L’alcool se vend bien moins cher là-bas qu'à la SAQ. Par exemple, de la vodka Grey Goose s’y vend — sans taxes — l’équivalent de 40,50$ canadiens pour un litre, alors qu’à la SAQ, c’est 51,50$ (taxes incluses) pour la bouteille de 750 ml. Côté bière, vous pouvez mettre la main sur une caisse de 24 de Labatt Bleue pour l’équivalent de 26$ canadiens, vendue actuellement 31,99$ plus taxes dans certaines épiceries québécoises. 

Attention aux quantités!

Que pouvez-vous ramener au Canada sans devoir payer de taxes? Tout dépend du temps que vous avez passé au pays de Miley Cyrus. 

Moins de 24h

Si vous y étiez pour moins de 24 heures — tel était notre cas —, vous ne pouvez malheureusement rien rapporter. Si vous êtes allés faire une épicerie de l’autre côté de la frontière parce que vous croyiez économiser, vous devrez payer des frais sur les produits achetés.

24 à 48 heures

Vous pouvez rapporter jusqu’à 200$ canadiens de marchandises, excluant l’alcool et le tabac. Pour ces derniers, vous devrez payer taxes et franchises de droits d’importation, qui diffèrent selon les produits et leur provenance. 

48 heures et plus

C’est là que ça devient intéressant. Toute personne rentrant au Canada peut rapporter pour 800$ canadiens de marchandise, incluant ce que vous avez acheté au Duty Free canadien ou américain, comme un parfum. 

Côté alcool, on a droit à un maximum de 1,5 litre de vin ou 1,14 litre de spiritueux ou 8,5 litres de bière par personne. Il faut donc choisir judicieusement.

Pour ce qui est du tabac, on peut traverser au total 200 cigarettes, 50 cigares, 200 g de tabac fabriqué et 200 bâtonnets de tabac.

Dans tous les cas, vous pouvez dépasser la limite permise (à condition de le déclarer!), mais vous devrez payer des droits de douane et des taxes sur le surplus de marchandise rapporté. 

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