Une prof «à boutte» explique pourquoi elle a décidé de démissionner après 7 ans
Pour la première fois en 25 ans, Audrey D. ne vivra pas de rentrée scolaire. Dans une vidéo publiée sur TikTok, la créatrice de contenu explique comment les classes surpeuplées, les longues heures de travail impayées et les conditions difficiles ont eu raison de son amour pour la profession d’enseignante.
«Je ne me voyais pas faire ça encore pendant 30 ans», confie Audrey D., connue comme Audrey_Qc sur TikTok.
Dans sa vidéo, l’ancienne enseignante fait d’abord état de «classes surchargées de jeunes qui souffrent, qui font des crises, qui lancent des objets, qui ont des troubles d’apprentissage, qui viennent d’immigrer au Québec avec leur famille et qui parlent peu français», mais aussi du temps et de l’argent que les enseignants doivent fournir pour faire fonctionner leur classe correctement.
«Dépenser de notre poche dans les ventes de garage pendant l’été, dans les librairies, sur Marketplace, parce qu’on veut donc bien le meilleur pour les enfants et que les classes sont parfois dégarnies, se faire reconnaître seulement 32 heures de travail par semaine alors qu’en réalité, c’est souvent bien plus que ça», dénonce-t-elle.
Elle fait ensuite référence aux profs qui doivent se préparer pour la rentrée alors qu’ils sont toujours techniquement en vacances et donc pas rémunérés, en plus des heures supplémentaires à la maison toute l’année durant.
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«Si t’arrêtes réellement [ta journée de travail] à 4 heures, ta liste de tâches à faire est longue de même pis tu te sens pas prêt pantoute», lance-t-elle.
- Écoutez l'entrevue avec Audrey Daigneault, ancienne enseignante au primaire et créatrice de contenu au micro d’Alexandre Dubé via QUB radio :
«Il y a des gens, heureusement, qui sont tellement passionnés et qui ont probablement une personnalité, une santé mentale plus forte que la mienne, qui arrivent malgré tout à trouver leur bonheur et à s’épanouir dans cette profession-là, mais ce n’était plus mon cas», confesse-t-elle à la fin de sa vidéo.
«Une profession si importante, mais si peu valorisée»
Même si des enseignantes et enseignants se sont exprimés dans les médias sur les difficultés de leur emploi, une trop grande partie de la population et des décideurs restent insensibles à leurs témoignages, regrette Audrey D.
Elle estime que le métier d’enseignant est «une profession si importante, mais si peu valorisée» par «une partie de la société qui pense encore que les profs se plaignent pour rien, qu’ils sont donc bien avec leurs deux mois de vacances».
La créatrice de contenu en a également contre le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, qui a affirmé le 16 août qu’il y aurait au moins «un adulte» par classe à la rentrée, alors que de nombreux postes doivent être encore pourvus partout dans la province.
M. Drainville a également semé la controverse en disant que les nouveaux diplômés en éducation devraient être dirigés vers les classes du préscolaire parce que celles-ci seraient «moins exigeantes».
«Le ministre de l’Éducation qui dit quasiment que n’importe qui peut faire cette job-là, je suis désolée, mais moi, même en étant qualifiée, je peux plus», affirme Audrey D. dans sa vidéo.