«Tous morts du réchauffement climatique»: des jeunes arrêtent d’épargner pour leur retraite | 24 heures
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«Tous morts du réchauffement climatique»: des jeunes arrêtent d’épargner pour leur retraite

Image principale de l'article Des jeunes arrêtent d’épargner à cause du climat
Photo tirée du compte Facebook de la SOPFEU

«À quoi bon? Dans 30 ans, on sera tous morts du réchauffement climatique»: Sauvane, 33 ans, ne met plus d’argent de côté en vue de sa retraite. Il n’y voit plus l’utilité.  

«Je garde de quoi soigner mes chats, car elles vont vivre leurs années de petit chat sans subir ça, puis c’est tout», précise le graphiste.  

Le trentenaire est loin d’être le seul à tourner le dos à l’épargne. 

Sauvane

Photo: Alexis Gattepaille 

Sauvane

Comme lui, bon nombre de jeunes sur le marché du travail ne croient pas qu’ils auront accès à la retraite. Et même s’ils arrivaient à l’indépendance financière, le monde dans lequel ils devront vivre dans 20 ou 30 ans les terrifie. Ils préfèrent donc profiter de leur jeunesse plutôt que d’économiser.  

«Je me dis souvent que le modèle d’épargne et placements qu’on nous suggère est un peu déconnecté de la réalité», affirme Marion, 26 ans.  

«Je ne crois donc pas que je pourrai avoir la même retraite que mes parents, avec un ou plusieurs voyages par année et l’abondance générale. J’ai l’impression que la société en général nous pousse à désirer ce modèle-là au point où il est difficile d’imaginer faire autrement, mais je crois aussi fermement que ce n’est pas viable ni réaliste.» 

«Pierre-Yves McSween le déconseillerait»

Marion s’assure néanmoins de mettre un peu d’argent de côté, mais rien qui ne s’approche de ce qui serait nécessaire pour atteindre la liberté 55.  

«Je ne peux pas à moi seule fuir le modèle économique dans lequel on vit, mais j’ai tendance à davantage choisir le moment présent plutôt que l’avenir quand vient le temps de réfléchir à mes dépenses», explique-t-elle. 

Elle et son copain ont pris la décision, par exemple, de manquer des semaines de travail pour s’offrir un voyage de plusieurs mois en randonnée l’année prochaine.  

«Pierre-Yves McSween le déconseillerait sûrement, mais je préfère profiter des belles montagnes maintenant qu’elles ne sont pas toutes en feu, plutôt que dans quarante ans.» 

Et si, dans un retournement de situation étonnant, on parvenait à ralentir le réchauffement climatique et ses catastrophes désastreuses, Marion se dit prête à assumer ses choix financiers.  

«Je devrai travailler plus longtemps pour vivre confortablement. Je compte me garder assez en forme pour être capable de travailler passé 60 ans! Et je compte aussi toujours travailler dans un domaine qui me plaît et qui ne me draine pas trop mentalement, quitte à changer de domaine si besoin. Comme ça, je n’attendrai pas trop impatiemment ma retraite à cause d’épuisement professionnel», soutient-elle.  

Charlène, 28 ans, met pour sa part un peu d’argent de côté, mais pas assez pour affronter les prochaines décennies.  

«Je ne pense pas qu’on va voir l’argent de notre retraite, dit-elle. C’est difficile d’anticiper quand ça va crasher, mais je vais baser ma retraire sur d’autres choses que les sous, apprendre à être la plus autonome possible et adopter un mode de vie simple, par exemple.» 

L’avis d’un planificateur financier  

Malgré l’accélération des changements climatiques et l’avenir incertain, abandonner complètement l’épargne reviendrait à «se tirer dans le pied», selon Antoine Chaume Legault, planificateur financier.  

Il estime que 50% des réserves pour nos vieux jours se font durant les 10 premières années d’épargne et que ces fonds sont précieux, même face à un avenir climatique incertain.  

Lorsqu’on est en prise avec un fort sentiment d’anxiété, poser des actions concrètes en lien avec nos valeurs peut aider à soulager le malaise. Épargner tout en investissant dans les fonds verts peut ainsi être une manière d’agir, croit Antoine Chaume Legault.  

«Ce serait vraiment dommage de se sacrifier soi-même parce qu’on a l’impression que l’avenir sera de la bouette. Je préfère être pragmatique et m’assurer d’avoir un impact, au moins grâce à mes placements», conseille-t-il. 

Antoine Chaume Legault

Courtoisie 

Antoine Chaume Legault

«Il y a 10 ans, lorsqu’on plaçait son argent dans un fond vert, on le faisait par conviction en sachant qu’on aurait un rendement moindre. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, ce sont des placements très rentables», poursuit-il.  

Mais attention: l’idée n’est pas de se priver alors qu’on est jeune pour enfin profiter de la vie à sa retraite, insiste Antoine Chaume Legault. Selon lui, le meilleur moyen de mettre de côté efficacement et sans trop de douleur, c’est par l’épargne systématique.  

«Lorsqu’on décide de mettre un certain pourcentage de notre revenu de côté à chaque fois, on ne le voit pas passer. Si on a fait notre budget au préalable, ça n’empêche pas de profiter de la vie», assure-t-il. 

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