Les météorologues se trompent-ils (encore) plus qu'à l’habitude cet été? | 24 heures
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Les météorologues se trompent-ils (encore) plus qu'à l’habitude cet été?

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MAXIME DELAND/AGENCE QMI

Vous avez l’impression que la météo est imprécise depuis le début de l'été? Vous n’avez peut-être pas tort. Les épisodes de pluie fréquents qui ont frappé plusieurs régions du Québec dans les derniers mois pourraient être à blâmer, soutiennent deux météorologues.

Quand on lui demande si les prévisions météorologiques ont été moins précises qu’à l’habitude cet été au Québec, le météorologue chez MétéoMédia, Bertin Ossonon, rappelle leurs prévisions à long terme émises au début du mois de juin. 

«Nous avions dit qu’on aurait un été mouvementé avec plusieurs journées d’orages et beaucoup de pluie. Ça s’est avéré», souligne-t-il. 

La quantité de pluie enregistrée depuis juin a été de deux à trois fois plus élevées que les moyennes mensuelles dans plusieurs régions, dont Montréal, la Montérégie, l’Estrie et le Centre-du-Québec. Des records de précipitations ont d'ailleurs été battus à Sherbrooke et à Montréal en juillet. 

Une quantité aussi importante de précipitations et d’orages, ça complique le travail des météorologues, explique Bertin Ossonon. Il y a en effet des limites à la précision des systèmes utilisés pour prévoir ce genre d’intempéries, ajoute-t-il.  

«Le modèle américain que nous utilisons pour prévoir les orages, par exemple, sa résolution est de trois kilomètres. Donc, si un système est très concentré, il le détecte mal. À plus de 24 ou 48 heures d’avance, le modèle ne peut pas voir très précisément où et quand vont se déclencher les orages», précise-t-il. 

C’est une des raisons pour laquelle les prévisions peuvent varier plusieurs fois sur quelques jours. 

Comprendre les pourcentages de précipitations

Si les prévisions ont pu vous sembler moins précises cet été, c’est aussi parce qu’on a parfois du mal à interpréter les pourcentages de précipitations, croit Bertin Ossonon. 

Il rappelle que le pourcentage de précipitation dans les prévisions sert à indiquer quelle est la probabilité qu’il tombe au moins 0.2 mm de pluie à n’importe quel endroit d’un secteur défini pendant une période précise.

«Disons qu’il annonce 40% de pluie dans un village cet après-midi. Ça veut dire qu’entre 13 et 17h, il y a 40% de risques qu’il tombe de la pluie à n’importe quel endroit du village. Ça ne veut pas dire que 40% du territoire va être touché et ça ne veut pas dire qu’il va pleuvoir 40% de l’après-midi non plus», mentionne-t-il. 

Il est donc possible que la pluie s’abatte plusieurs fois de suite sur un même quartier, simplement parce qu’il se trouvait sur la trajectoire du système. À l’inverse, un quartier voisin pourrait être chanceux et ne rien recevoir, même si la prévision est la même pour les deux endroits.

«S’il tombe 30 mm dans un quartier et qu’il annonçait 40% dans la ville, les habitants vont se dire que la météo se trompe. Surtout si ça arrive plusieurs fois», analyse le météorologue. 

Selon Environnement et Changement climatique Canada (ECCC), une probabilité de 30% correspond à quelques précipitations isolées, tandis qu’une prévision de 40% équivaut à des précipitations dispersées. À partir de 60%, les prévisions indiquent généralement des averses plus dispersées et plus fréquentes. 

Suivre l’évolution de la situation pour mieux planifier

Pour établir les probabilités de précipitation, les météorologues analysent des données qui proviennent de l’état de l’atmosphère à un point donné. Or, les systèmes atmosphériques peuvent être grandement influencés par la géographie d’un territoire, explique Simon Legault, météorologue chez ECCC. 

«Sur une plaine, c’est assez facile de prévoir ce qui va se passer. En milieux montagneux, c’est très difficile à prévoir. Au Québec, c’est certain que les régions montagneuses comme les Laurentides ou le Charlevoix ont plus de particularités locales. Les gens qui habitent dans ces régions-là depuis longtemps peuvent parfois même être mieux placés que nous pour savoir ce qui s’en vient», explique-t-il.

Les conséquences de ces spécificités locales se font surtout sentir sur les prévisions à moyen et long terme. M. Legault conseille ainsi de suivre l’évolution de la situation avant d’annuler des activités prévues dans quelques jours. Un conseille qui s’applique d’ailleurs partout. 

«Si on est mardi et qu’il annonce de la pluie pour notre camping le samedi, il vaudrait mieux analyser la progression des prévisions de jour en jour avant d’annuler», conclut M. Legault.

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