Manger de saison: ça devrait être enseigné à l'école

Nous nageons présentement en pleine période des récoltes. Si la fin du mois d’août au Québec est synonyme d’abondance, pourquoi tant de citoyens continuent-ils d’acheter des fraises des États-Unis, des melons du Mexique et des oignons d’Espagne ? Sommes-nous suffisamment informés sur le calendrier des récoltes ?
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Les étalages des épiceries croulent sous les maïs et les pêches ontariennes, les agriculteurs tentent d’écouler leurs bleuets et aubergines dans les marchés fermiers, les potagers des banlieusards débordent de tomates cerises et de concombres, et les fraises et framboises d’automne font un grand retour pour bien clore cette saison des récoltes.
C’est l’été québécois qui tire à sa fin, laissant dans son sillage assez de fruits et légumes locaux pour nourrir sa population pour encore plusieurs semaines... à condition de les conserver adéquatement !
Des connaissances égarées
Conserves, séchage, congélation... la plupart des gens savent approximativement ce qu’il est possible de faire avec un surplus de tomates, de haricots ou d’herbes fraîches. Mais se mettent-ils à l’action pour autant ? Pas nécessairement.
La saison des récoltes est courte dans notre région du monde. Le dernier gel survenant souvent au cours du mois de juin, cela laisse aux plants très peu de temps pour créer des fruits avant l’équinoxe d’automne. Au lieu de célébrer cette période autrefois bénite et nécessaire à notre survie, nous nous affairons à faire notre épicerie de la même façon qu’au mois de février : sans considérer la provenance des aliments.
Si seule une minorité de québécois prend le temps de tirer un maximum de bénéfices de nos été nourriciers, c’est probablement dû à un manque d’information. Avec la mondialisation et l’industrialisation, cette tradition de célébrer et cuisiner ce que la terre nous offrent au rythme des saisons s’est perdue en même temps que l’habileté de réparer nos vêtements avec un fil et une aiguille.
Une perte regrettable, puisque manger de saison est une des solution les plus simple et amusante pour réduire ses émissions de GES ! On évite alors d’acheter des aliments qui, après être passés par une pléthore d’étapes pour être transformés, parcourent parfois des milliers de kilomètres avant de se rendre à notre panier.
Des enseignements pour réparer
Si on ne prend plus le temps de faire notre compote de mûres ou nos carottes marinées, c’est aussi parce qu’on en manque, de temps !
Pourtant, planifier une journée de cuisine entre amis au mois de septembre est tout ce qu’il y a de plus festif et attrayant. D’autant plus que cette journée riche en échanges vous permettra de sauver du temps à long terme : vous pourrez le constater en temps et lieux lorsque, pris de cours à ne pas savoir quoi cuisiner un soir de janvier, vous n’aurez qu’à sortir du congélateur le pot de pesto fait en septembre, ou le potage à la courge popotée en octobre. Et si, vraiment, cuisiner n’est pas dans vos intérêts, dénichez-vous un fermier de famille et abonnez-vous à son panier de fruits et légumes !
Savoir valser en même temps que les arrivages et ce, dès les premières pousses d’asperges au printemps, est selon moi un super-pouvoir. En plus de nous faire économiser de l’argent, des GES, et de nous encourager à manger sainement, ça nous permet de se connecter à l’année à notre terroir et ses trésors.
Et ce super-pouvoir pourrait s’acquérir dès le primaire si on enseignait à nos enfants le calendrier des récoltes ! Rien de bien compliqué : simplement savoir reconnaître un aliment de saison et recueillir quelques astuces pour le conserver jusqu’à la saison froide. Les œuvres et outils éducatifs de Julie Aubé et Laucolo peuvent servir de guide de départ pour un parent ou un enseignant qui souhaite transmettre ces connaissances.
S’imprégner de la saisonnalité de notre assiette, c’est s’intéresser à la citoyenneté alimentaire, respecter le travail des agriculteurs et transmettre aux générations suivantes des habitudes saines, écoresponsables et drôlement humaines.