Communauto se lance à Victo – est-ce que ça marche, l’autopartage en région?

Communauto vient de rendre son service disponible... à Victoriaville! Comment l’autopartage pourra-t-il fonctionner dans une aussi petite ville? Les services ont l’air de quoi en région? On creuse la question.
Avec 48 000 habitants et aucun service régulier d’autobus, Victoriaville n’était pas la ville dans laquelle on pouvait prédire que le service d’autopartage Communauto lancerait son prochain chapitre. Et pourtant, c’est ce qui vient tout juste d’arriver!
«Victoriaville a deux caractéristiques intéressantes: elle a un cœur villageois assez dense, et la Ville a un historique d’engagement envers les thèmes environnementaux», résume Marco Viviani, vice-président au développement stratégique chez Communauto, quand on lui demande pourquoi cette ville a été sélectionnée.
C’est d’ailleurs la municipalité qui a approché Communauto pour conclure une entente qui permettrait d’offrir le service à ses citoyens.
En gros, la Ville utilisera les services de Communauto pour certains déplacements de ses employés, et assumera une partie du risque financier de l’implantation du service. Si les usagers sont au rendez-vous, tant mieux. Mais s’ils ne le sont pas, surtout au départ, les pertes financières seront absorbées partiellement par la Ville et partiellement par Communauto, explique Marco Viviani.
L’idée est d’offrir ce service aux citoyens en même temps que la Ville augmente tranquillement l’offre de transport collectif, pour aider ceux qui souhaitent vivre sans voiture – ou qui aimeraient avoir une seule voiture par couple, par exemple.
«Il n’y a pas d’argent à faire [pour le moment], la taille est trop petite», concède Marco Viviani. «Peut-être que dans le futur, la demande va augmenter – on commence avec une dizaine de voitures et on espère que ça pourrait devenir 20, 30, 50... ce qui est important pour nous, ça fait partie de notre raison d’être, c’est de proposer des solutions d’autopartage pour réduire la dépendance à l’automobile», résume-t-il.
Une entente similaire avec la Ville a aussi été conclue à Trois-Rivières l'été dernier. Là-bas, c’est différent: la Ville a des plages horaires réservées pour ses employés, et hors de celles-ci, les véhicules sont disponibles pour les citoyens. Communauto et la Ville partagent les revenus faits grâce aux usagers. C’est aussi grâce à ce type d’entente que les voitures se sont implantées sur le campus de l’Université de Sherbrooke avec le temps.
Où peut-on utiliser Communauto?
Communauto est souvent associée à Montréal et à Québec, mais le service se retrouve maintenant dans plusieurs autres villes. Voici celles qui sont actuellement desservies:
- Montréal
- Laval
- Longueuil
- Québec
- Lévis
- Gatineau
- Sherbrooke
- Trois-Rivières
- Victoriaville
Communauto à Sherbrooke
Claudia Fiore habite à Sherbrooke et utilise Communauto depuis sa séparation il y a trois ans, pour des raisons financières et aussi pour ne pas avoir à se soucier de l’entretien d’une automobile.
Elle va travailler à vélo ou en autobus, mais apprécie avoir accès à une voiture pour d’autres trajets plus complexes à faire. «Je fais des déplacements en ville, par exemple, quand j’ai des rendez-vous plus loin de chez moi, ou quand mes enfants ont des pratiques de soccer aux quatre coins de la ville. Je m’en sers aussi pour aller à l’extérieur, voir ma famille ou me rendre au chalet», relate-t-elle.
«C’était dur la première année de voir au fur et à mesure si j’étais vraiment gagnante financièrement, mais au fil de mon utilisation j’ai fait le calcul et j’ai réalisé que oui», dit-elle.
Selon ses observations, le service s’améliore de plus en plus à Sherbrooke, mais il reste quand même des défis pour les utilisateurs et utilisatrices de Communauto. Comme les véhicules sont tous «en station», il faut les ramener exactement à l’endroit où on les a pris – pas question de les laisser un peu n’importe où comme les véhicules FLEX à Montréal – et certains quartiers sont mieux desservis que d’autres.
D’ailleurs, Claudia est consciente que le fait qu’elle habite dans le Vieux-Nord, un quartier bien desservi, lui facilite la tâche – tout comme le fait que ses enfants, âgés de 9 et 12 ans, n’ont plus besoin de siège d’auto.
Elle rencontre aussi le même genre de défis que les utilisateurs de Communauto un peu partout à travers la province: c’est difficile d’avoir une voiture la fin de semaine si on ne la réserve pas plusieurs semaines à l’avance.
Communauto à Gatineau
De son coté, Stéphane Tremblay utilisait Communauto lorsqu’il vivait à Montréal et Québec, et il a conservé le service quand il est allé vivre à Gatineau. L'autopartage permet à son conjoint et lui de n’avoir qu’un véhicule plutôt que deux, et d’utiliser Communauto en parallèle.
«Dans les deux dernières années, le service s’est vraiment amélioré à Gatineau», remarque l’homme de 40 ans, faisant référence au nombre de stations qui a explosé. N’empêche, dans le secteur où il a acheté une maison, près de l’hôpital de Gatineau, «c’est limite», selon lui, étant donné qu’il n’y a pas beaucoup de véhicules et que le service est très populaire.
«Les grosses fins de semaine, il faut être là un mois d’avance [lors de l’ouverture des réservations] à cliquer et rafraîchir la page, comme quand on achète un billet de spectacle», relève-t-il. Et, contrairement à Montréal, impossible d’aller chercher une auto un peu plus loin s'il n'y en a plus de disponible dans son quartier. «Quand il n’y en a plus, il n’y en a plus.»
C’est pour ça que selon ses observations, ce service est surtout utilisé à Gatineau pour éviter l’achat d’une deuxième voiture, non pas d’une voiture tout court. Surtout vu que le transport en commun n’est pas optimal pour plusieurs personnes.
Combien de voitures comporte Communauto?
Au Québec, Communauto compte, en 2023, 3950 voitures, dont 120 électriques et 1600 hybrides.
En plus des villes où le service est offert au Québec, on retrouve aussi Communauto dans les villes suivantes:
- Paris
- Halifax
- Ottawa
- Kingston
- Toronto
- Hamilton, Kitchener-Waterloo, Guelph, London
- Edmonton
- Calgary