Vous voulez que les vélos soient immatriculés comme les autos? Oubliez ça, ça n’arrivera pas! | 24 heures
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Vous voulez que les vélos soient immatriculés comme les autos? Oubliez ça, ça n’arrivera pas!

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Alors que les automobilistes et les cyclistes partagent plus que jamais la route, plusieurs demandent à ce que ces derniers «paient leur juste part» en immatriculant leur vélo. Mais est-ce vraiment une bonne idée?

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Il faut savoir que Montréal, tout comme d’autres municipalités québécoises, a commencé à imposer l’immatriculation des bicyclettes en 1898 afin de lutter contre le vol de vélo. La mesure a cependant été abandonnée en 1930, parce que les revenus associés au programme d’immatriculation ne permettaient pas de couvrir les coûts de son administration.

Le débat autour de l’immatriculation des vélos a toutefois refait surface cette semaine dans le groupe Facebook Hochelaga MON Quartier. 

Capture d'écran du groupe Hochelaga MON Quartier 

Une bonne partie des quelque 400 commentaires sous la publication réitéraient les divers arguments des personnes favorables à cette mesure: respecter le principe d’utilisateur-payeur, pouvoir sévir contre les cyclistes qui ne respectent pas le Code de la route ou encore prévenir le vol.

Des «fausses croyances»

Pour Magali Bebronne de Vélo Québec, ces arguments ne tiennent pas la route. Même si certains automobilistes ont ce sentiment qu’ils paient pour toutes les routes et pour les pistes cyclables, alors que les cyclistes ne paieraient rien, c’est une «fausse croyance», poursuit la directrice des programmes de l’organisme. 

En effet, les rues locales, sur lesquelles se situent la plupart des pistes cyclables, sont financées en très grande partie par les taxes foncières, que tout le monde paie sans égard au mode de déplacement.

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Les automobilistes − en payant pour faire immatriculer leur voiture ou en acquitant les frais de leur permis de conduire − n’assurent d'ailleurs que le tiers des coûts de toutes les infrastructures routières, révèle une étude de Trajectoire Québec réalisée en 2017. Le transport de marchandises couvre un autre tiers et le reste est assumé collectivement. 

D’autant plus qu’une bonne partie des cyclistes sont également automobilistes – ils paient donc aussi des frais d’immatriculation et de permis de conduire. Selon le rapport État du vélo 2020, réalisé par Vélo Québec, pas moins de 57% des adultes montréalais font du vélo. S’il est difficile d’établir précisément la proportion, on peut présumer que plusieurs d’entre eux portent à la fois le chapeau de cycliste et celui d’automobiliste.

Voici 3 autres raisons pour lesquelles il est improbable que l’immatriculation des vélos revienne.

1- Ce serait trop difficile à appliquer

D’emblée, plusieurs questions se posent quant à la façon de mettre en œuvre l’immatriculation des vélos, soutient Magali Bebronne. «On peut commencer à faire du vélo à partir de 2 ou 3 ans, alors à quel âge on commence [à l’imposer]? Qui immatricule-t-on? Doit-on inclure les anciens vélos ou juste les nouveaux?», illustre-t-elle.

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La Ville de Toronto a aussi été sollicitée de nombreuses fois pour mettre en place l’immatriculation des vélos, notamment parce que les cyclistes roulaient sur le trottoir et que cela causait des problèmes avec les piétons. En réaction, la mairie a consacré une page web spécifiquement dédiée à la question et aux raisons pour lesquelles elle s’y opposait.

L’âge compte parmi les difficultés d'instaurer un tel système. 

«La création d'un test standardisé qui pourrait être utilisé par les adultes et les enfants dès l'âge de 5 ans pose des problèmes. On pourrait faire valoir que l’octroi d’un permis de conduire offrirait une possibilité d’éducation, mais la bureaucratie d’un tel système obligatoire a été jugée trop lourde à mettre en place», peut-on lire dans l’analyse.

2- Ça coûterait plus cher que ça ne rapporterait

La raison pour laquelle la Ville de Montréal a abandonné les plaques pour les vélos en 1930 demeure: les coûts, tant pour les cyclistes que pour l’administration, sont trop importants. 

«Le coût d’obtention d’un permis de conduire un véhicule à moteur est considérable, une grande partie couvrant les coûts administratifs liés à la tenue d’une base de données précise et au traitement des permis. Les coûts de développement d’un système de permis pour les bicyclettes seraient similaires [...] Si l’on demandait aux cyclistes de couvrir les frais d’immatriculation, dans de nombreux cas, l’immatriculation serait plus chère que le vélo lui-même», peut-on lire sur le site de la Ville Reine.

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«Quand on voit à quel point la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) a de la misère à gérer ne serait-ce que les autos, est-ce qu’on veut vraiment se rajouter cette lourdeur administrative pour aucune valeur ajoutée?», questionne Magali Bebronne.

3- De meilleures solutions existent

Enfin, l’immatriculation ne représente pas la meilleure solution aux problèmes de respect du Code de la route et de vols de vélos. 

Il n’est effectivement pas nécessaire d’avoir une plaque pour que les policiers sévissent contre les cyclistes. En 2022, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a remis 7124 constats d’infraction à des cyclistes, en hausse par rapport à 2021, mais en baisse de 22,4% sur 5 ans.

En ce qui concerne le vol de vélo, le SPVM utilise déjà, depuis 2021, une application nommée Garage 529. Créée aux États-Unis, elle permet d’enregistrer son vélo en téléchargeant une photo et en indiquant le numéro de série. Si le vélo est volé, il suffit de le signaler sur la plateforme.

Depuis l’adoption de Garage 529 par le SPVM, 1700 vols ont été signalés sur la plateforme et 62 cyclistes ont pu retrouver leur moyen de transport, selon des données rapportées par Métro. Plus de 21 000 vélos sont enregistrés sur l’application.

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