La catastrophe environnementale de Burning Man | 24 heures
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La catastrophe environnementale de Burning Man

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AFP

La majorité des festivaliers ont pu quitter mardi le festival Burning Man, dans le désert du Nevada, après que celui-ci ait été la proie de fortes pluies qui ont transformé le site en bourbier, piégeant des dizaines de milliers de participants sur place. Cette débâcle soulève de nombreuses questions quant à la résilience climatique de l’évènement, mais aussi de ses impacts importants sur l’environnement.  

Qu’est-ce que Burning Man? 

Fondé par un groupe d’amis en 1986, Burning Man est maintenant un immense festival annuel rassemblant plusieurs milliers de personnes dans un campement temporaire dans le désert du Nevada qu’on appelle Black Rock City.  

Des amateurs d’art et d’expériences hors de l’ordinaire s’y rassemblent, mais c’est aussi devenu un rendez-vous pour les célébrités et les gens fortunés de la Silicon Valley. Un billet d’entrée coûte pas moins de 557 $ américains, et c’est sans compter le transport et tout le matériel nécessaire pour adopter le mode de vie «radicalement auto-suffisant» qui est la marque de commerce du festival. Certains s’y rendent carrément en jet privé, pour s’installer dans de grandes tentes climatisées alimentées par des génératrices fonctionnant à l’essence. 

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Les problèmes de l’édition 2023 

L’édition 2023 du festival, qui devait avoir lieu du 27 août au 4 septembre, ne se sera pas déroulée sans anicroches.  

Le jour de l’ouverture, quelques manifestants ont bloqué la route menant au site du festival pour protester contre l’impact environnemental démesuré de l’évènement, demandant entre autres que Burning Man interdise l’utilisation de jets privés pour rejoindre le site. 

L’événement a quand même pu commencer, mais une mauvaise surprise attendait les 73 000 festivaliers qui ont pu finalement atteindre Black Rock City. La ville temporaire allait bientôt se transformer en un lac de boue pendant près de quatre jours.  

Il est tombé autour de 13 mm de pluie sur Black Rock City vendredi dernier, l’équivalent de deux à trois mois de précipitations pour cette région du nord-ouest du Nevada, en seulement 24 heures.  

@shoddylynn The playa isnt really providing this time… #burningman2023 ♬ Such a Whore (Baddest Remix) - JVLA

Le sol de la «playa», le lit d’un lac asséché dans lequel se tient chaque année le festival, s’est alors transformé en un lac de boue épaisse, rendant presque impossible la sortie du site en voiture. 

Plus aucune ressource ne pouvait être acheminée au camp et les toilettes portatives du site ne pouvaient plus être vidées, ce qui a poussé quelques «burners» à quitter les lieux malgré les consignes de l’organisation. L’humoriste Chris Rock et le DJ Diplo ont notamment documenté leur fuite à l’arrière du pick-up d’un admirateur.  

@armadamusic Looks like @Diplo and Chris Rock were able to make it out safely from @Burning Man after walking 5 miles in the mud and fans offering to drive them to a safe location. Diplo was just able to make his set in New York City. Hope everyone is okay and is able to get home safely as soon as possible ❤️ #electronicmusic #dancemusic #festival #burningman #fyp #foryou #diplo #chrisrock #trance #techno ♬ Transmission - Armin van Buuren Remix - Eelke Kleijn

Dimanche, après d’autres averses et encore plus de boue, les festivaliers qui voulaient à tout prix quitter ont été invités à tenter de traverser les 8 km de plaine boueuse à pied pour rejoindre une navette qui les transporterait jusqu’à Reno.  

Malgré les conditions difficiles et une fausse nouvelle annonçant qu’une épidémie d’Ebola s’était déclarée à Black Rock City, les festivaliers ont gardé le moral, selon les dires des organisateurs.  

Des tensions et des altercations ont toutefois eu lieu à la fin du festival dans la longue file de VR et de camions empruntant les petites routes de campagnes menant aux autoroutes durant ce qu’on appelle «l’Exode» de Burning Man, selon un communiqué du shérif du comté de Pershing. 

Une grande quantité de déchets et de véhicules a été abandonnée dans la boue par les «burners», toujours selon le bureau du shérif.   

@bbcnews A driving ban was finally lifted on Monday afternoon, after heavy rain caused a mud bath at the festival. #BurningMan #BurningMan2023 #BlackRockCity #Nevada #Festival #BBCNews ♬ original sound - BBC News

100 000 tonnes de dioxyde de carbone en neuf jours 

Bien que l’idée de créer des œuvres d’art et les faire brûler est au cœur du festival, ce ne sont pas les nombreux feux de joie qui sont à l’origine de la monstrueuse empreinte carbone de Burning Man. 

Selon les chiffres fournis par l’organisation du festival, Burning Man émet chaque année autour de 100 000 tonnes de dioxyde de carbone. C’est autant d’émissions que 22 000 voitures pendant un an.  

5 % de ces émissions sont dues aux génératrices qui assurent l’électricité de la ville temporaire. 90 % proviennent du transport de 80 000 personnes et de leur équipement en provenance de partout dans le monde vers un coin reculé du désert du Nevada.  

En plus des festivaliers eux-mêmes qui arrivent par les routes ou par l’aéroport temporaire installé à même le sol du désert, de nombreux camions font chaque jour l’aller-retour entre Black Rock City et le reste de la civilisation, pour apporter des vivres, de la glace, de l’eau ou pour vider le contenu des 1600 toilettes chimiques du site. 

C’est sans compter les fameux jets privés des «burners» les plus privilégiés dont les installations sophistiquées semblent à des kilomètres de l’éthos d’autosuffisance du festival. 

Pour ce qui est du traitement des ordures, il n’existe pas de service centralisé de récolte des déchets à Burning Man. Les festivaliers sont responsables de leurs propres détritus et sont encouragés à ne rien laisser sur place. Cela a cependant comme effet que le festival ne comptabilise pas la quantité de déchets produits durant les festivités. 

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Les habitants des villes avoisinantes, comme Reno, se plaignent depuis des années de la quantité de déchets et d’équipement de camping abandonné le long des routes et dans leurs municipalités après le passage de « l’Exode » des « Burners ». 

L’organisation de Burning Man a annoncé sa volonté de devenir carboneutre et même carbonégatif d’ici 2030. Selon un rapport de l’organisation paru en 2020, il est très peu probable que le festival atteigne son objectif.  

Des changements en profondeur, notamment au niveau de l’emplacement et du fonctionnement de festival, seraient nécessaires pour s’approcher de la carboneutralité.  

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