Hausse de 74% des claims miniers au Québec

Le Québec vit un véritable boom minier alors que le nombre de claims a augmenté de 74% en 10 ans, selon les dernières données publiées par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) vendredi.
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Au 30 juin 2023, le nombre de claims actifs au Québec était de 323 621, une augmentation de 137 110 depuis 2013, dont près de 60 000 au cours des six derniers mois seulement.
Un claim est un titre qui donne le droit exclusif d'effectuer des travaux de recherche de substances minérales sur un territoire pour une durée de deux ans, renouvelable. On peut l’acheter en ligne en quelques minutes pour un montant variant de 37,50$ à 170$, dépendant du nombre d’hectares.
«Les claims miniers sont accordés sans consultation préalable des populations locales, sans leur consentement», déplore Me Rodrigue Turgeon, porte-parole de la Coalition Québec meilleure mine, un regroupement qui demande notamment un moratoire sur l’octroi de nouveaux claims miniers.
«Pire que ça, on donne aux compagnies minières des droits qui peuvent être renouvelés de manière indéfinie et qui vont limiter les possibilités de protéger le territoire par la création d’aires protégées, notamment», ajoute-t-il.
Or, cuivre et nickel
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Selon les données publiées par le MRNF, les minéraux les plus recherchés en 2022 par les entreprises minières sont l’or (43%), le cuivre (21%) et le nickel (12%). Ces deux derniers sont notamment utilisés dans la fabrication de batteries de voitures électriques.
La semaine dernière, le gouvernement du Québec a accordé un prêt de 150 millions $ à l’entreprise Solutions énergétiques Volta Canada pour soutenir l’implantation et le démarrage, à Granby, d’une usine de fabrication de feuilles de cuivre utilisées dans des batteries de véhicules électriques.
Le développement de la filière de la batterie électrique au Québec est l’un des projets phares du premier ministre du Québec François Legault.
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Un autre investissement, encore plus important, cette fois-ci pour l’implantation d’une usine de fabrication de batteries de la compagnie suédoise Northvolt AB, devrait être annoncé au cours des prochaines semaines.
Partout au Québec
Certaines régions qui ne sont pas traditionnellement minières voient, elles aussi, une augmentation du nombre de claims sur leur territoire qui s’est faite lentement, mais sûrement, au cours des dernières années.
C’est notamment le cas en Estrie où on a enregistré une augmentation de 30% des claims entre 2021 et 2022.
«On voit les tensions qui s’accumulent. Ça vient contrecarrer de manière frontale des économies qui se sont développées autrement que sur le modèle extractiviste, avec le tourisme, la villégiature, et l’industrie minière qui arrive dans ce paysage-là, c’est vraiment incompatible », soutient Me Rodrigue Turgeon.
La semaine dernière, le MRNF a annoncé un projet de règlement qui obligerait les promoteurs miniers à présenter leurs projets à la population et à répondre à ses questions
Un rapport et une réforme attendus
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Au printemps, le MRNF a procédé à des consultations publiques concernant l’encadrement de l’activité minière. Plus d’une centaine de mémoires ont été déposés. Un rapport de synthèse doit être rendu public «avant la fin de l’été», selon ce qui a été annoncé par le ministère.
Dans la foulée, la Coalition Québec meilleure mine espère une «réforme en profondeur» de la Loi sur les mines.
«Il faut qu’il y ait une certaine forme d’exploitation minière pour répondre aux besoins de la société, mais ça ne peut pas se faire dans le régime actuel de free mining qui existe depuis l’époque de la ruée vers l’or, il y a 150 ans. Il faut régler ça une fois pour toutes et donner la priorité aux droits des populations locales de décider de l’avenir de leur territoire», estime l’avocat.
La ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, a refusé notre demande d’entrevue. Par courriel, elle a fait savoir que l'analyse des résultats des consultations est toujours en cours, sans annoncer de date pour le dépôt du rapport de synthèse.