Possible pingouin dans le Mile-End: une publication Facebook fait réagir

La publication d’un résident du quartier Mile-End, à Montréal, entourant la présence d’un pingouin et de deux singes capucins dans l’appartement d’un voisin a créé l’émoi sur les réseaux sociaux. Plusieurs se sont alertés de la légalité de la situation sans savoir s’il s’agit d’un canular. 24 heures a posé la question.
«J’aimerais connaître le règlement sur les animaux domestiques dans le Mile-End. Mon voisin derrière chez moi sur Waverly a un pingouin qui vit chez lui. C’est un homme riche et excentrique qui a aussi deux singes capucins et plusieurs perroquets», a demandé dimanche un membre du groupe Le Babillard du Mile-End, qui assure qu’il ne s’agit d’une blague.
Fait ou plaisanterie?
Il a été impossible de confirmer la véracité de la publication auprès de son auteur. Et ni la Ville ni la SPCA de Montréal n’a reçu de signalements à ce sujet depuis, ont-elles confirmé à 24 heures.
La question a tout de même suscité l’intérêt des habitants du quartier qui se sont vivement exprimés sur les choix audacieux d’animaux de compagnie de cet «homme riche et excentrique».
La majorité a affiché son mécontentement et s’est inquiétée du bien-être de ces animaux exotiques qui ne vivent clairement pas dans leur environnement naturel.
«Un pingouinnnn??? La protection des animaux pis ça presse. Il faisait 40 toute la semaine et le pingouin était dehors??», s’est exclamée une membre du groupe.
D’autres ont plaidé le «vivre et laisser vivre» en affirmant qu’il fallait «respecter les droits des autres» pour ne pas rendre invivable le voisinage.
«Si le propriétaire et les animaux sont heureux...je ne vois pas problème», a déclaré une résidente.
Que dit la loi?
Le Règlement sur l'encadrement des animaux de la Ville de Montréal interdit les pingouins et les singes capucins dans une habitation du territoire montréalais.
Les perroquets sont acceptés, mais leur nombre doit respecter la limite de huit animaux permis dans un seul logement, toutes espèces légales confondues.
«Il y aurait possibilité de faire un signalement à la Ville. Les agents du Bureau des enquêtes de la SPCA et les policiers du [Service de police de la Ville de Montréal] SPVM peuvent aussi faire appliquer la loi», prévient la responsable de campagne, défense des animaux et éducation à la compassion à la SPCA de Montréal, Erin Martellani.
Notamment, parce que ces espèces sont protégées par la Loi québécoise sur la conservation et la mise en valeur de la faune, puis par le Code criminel dans les dispositions relatives aux crimes contre les animaux, précise-t-elle.
Les différentes espèces de perroquets sont autorisées, mais les conditions de garde prévues au règlement doivent être respectées pour assurer leur bien-être.
Il n’est pas plus légal de détenir un pingouin ou des singes capucins dans un appartement de Montréal au niveau provincial. Ces espèces ne figurent pas sur la liste du ministère de l’Environnement qui autorise, dans certains cas, la garde d’animaux sauvages ou exotiques avec un permis.
«Cette situation devrait nous être signalée», a répondu le ministère de l’Environnement au 24 heures.
Mais peu importe ce que dit la loi, la position de la SPCA est claire.
«On s’oppose au fait d’élever et de maintenir en captivité des animaux sauvages ou exotiques autant dans un appartement que dans un zoo, fait valoir Mme Martellani. C’est juste impossible de répondre adéquatement aux besoins d’un pingouin ou de capucins, surtout pas dans un logement.»
Des exceptions
La garde de pingouins et de capucins est restreinte par le ministère de l’Environnement, qui accorde des permis pour certains animaux exotiques en captivité.
«Il y a des exceptions pour les établissements vétérinaires, les zoos accrédités et les centres de recherche ou de réadaptation», note Erin Martellani.
«Il faut toutefois démontrer qu’on a de l’expérience dans la garde en captivité d’espèces du même ordre ou qu’on est sous la tutelle d’une personne avec de l’expérience. Il faut aussi se conformer aux règles pour assurer le bien-être de ces animaux», explique-t-elle.
Elle serait «très surprise» d’apprendre qu’un appartement du Mile-End puisse répondre aux exigences du ministère de l’Environnement.
Et avis aux intéressés: les animaux que l'on peut observer au Biodôme de Montréal ne sont pas des pingouins, mais bien des manchots. Contrairement aux pingouins qui vivent dans l'hémisphère nord, ils n'ont pas la capacité de voler et sont exclusivement répartis dans l'hémisphère sud.