Déportée après 19 ans au Canada: elle doit laisser sa fille derrière elle

Après 19 ans au Québec, Gledicia Dimitila Sedano Rivera sera déportée samedi vers le Pérou, son pays d’origine, où elle dit craindre pour sa sécurité. La dame de 52 ans laissera derrière elle sa fille de 16 ans, pour lui assurer un avenir plus radieux.
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Depuis qu’elle sait que sa mère sera déportée, Stéphanie ne dort plus, ne mange plus. En pleurs, Mme Sedano s’inquiète pour sa fille, qui a récemment perdu beaucoup de poids et qui présente des difficultés à l’école.
Pourtant, Stéphanie est une bonne élève. Dans une lettre datant du 20 juin 2023 que 24 heures a pu consulter, un de ses enseignants la décrit comme une jeune fille souriante, communicative et agréablement bavarde malgré sa timidité.
«[...] je ne peux m’empêcher de souligner le sérieux, l’application et l’attitude positive de Stéphanie», précise l'enseignant.
Depuis qu’elle est arrivée au Canada en 2003, Gledicia Dimitila Sedano Rivera affirme avoir toujours travaillé et payé ses impôts. Elle est employée depuis 2016 dans la même usine d’emballage de poulet à Montréal.
Mais depuis quelques mois, des problèmes de santé, qu’elle croit liés au stress, lui font la vie dure.
Un mariage houleux
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Gledicia Dimitila Sedano Rivera affirme avoir quitté le Pérou en 2003 parce qu’elle subissait de la violence conjugale et de la violence basée sur le genre. Celle qui aurait aussi subi de la violence physique et sexuelle au Québec dit avoir été traumatisée par les hommes.
Dans sa demande d’asile remise en 2003 aux autorités canadiennes, elle avait indiqué être célibataire. À 32 ans, elle s’était pourtant mariée à un homme qui avait sa résidence permanente au Canada et qui a quitté le Pérou tout de suite après le mariage. Elle n’a jamais eu le projet de le suivre, dit-elle.
C’est une autre relation qui a suivi son mariage qui l’a poussée à s’exiler au Canada. Avant de faire ses bagages, un avocat au Pérou lui aurait indiqué que son mariage était annulé puisqu’il n’avait pas été consommé.
C’est pour cette raison qu’elle a indiqué qu’elle était célibataire dans sa demande d’asile, raconte-t-elle.
Ce n’est que quelques années plus tard, en voulant refaire sa vie au Canada, qu’elle s’est rendu compte qu’elle était encore mariée. Le divorce a été déclaré en 2007, mais il était trop tard. Les autorités canadiennes considèrent qu’elle a menti sur sa demande d’asile et son statut de réfugié lui a été révoqué en 2016.
Elle a depuis tenté d’infirmer la décision du gouvernement canadien, en vain.
«On a déposé une demande de permis de séjour temporaire, parce qu'on n'était pas sûr de quoi faire quand elle est venue nous voir, il y a presque deux mois», indique l'avocat de Gledicia Dimitila Sedano Rivera, Stewart Istvanffy.
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«C'est une femme extrêmement vulnérable, elle ne sait pas vraiment comment chercher de l'aide. Il y a beaucoup d'hommes qui l'ont utilisée dans sa vie, elle n'a pas confiance envers les hommes ou les autorités. Elle est en panique à l'idée de retourner au Pérou, qui est très dangereux», ajoute-t-il.
Dans une décision de l’Agence des services frontaliers du Canada datant du 31 mars 2023, il est indiqué que le renvoi de Gledicia Dimitila Sedano Rivera, prévu le 13 avril, a été reporté au 30 juin, dans l’intérêt de sa fille.
Vu le climat politique et social au Pérou, Mme Sedano a fait le choix difficile de laisser Stéphanie, qui est née ici, chez une amie mexicaine qui l’a vue grandir au Québec. «Le problème avec ça, c'est de savoir si les autorités d'ici vont accepter et si on ne va pas être obligé de se présenter à la cour pour demander une ordonnance d'autorité parentale», précise l'avocat.